Le Mexique, un pays de clichés puissants, de tequila, de mariachis et de Castagneda.
L’art contemporain mexicain ne nous dit pas grand chose, en Occident on ne connaît que les Mayas, Frida Kahlo ou les Muralistes. Pourtant il existe en ce moment un groupe d’artistes dont l’œuvre présente certaines similitudes. Ils se trouvent tous de plain pied dans la réalité mexicaine et ils ont une idée bien déterminée en matière de politique, d’économie et de société. Le langage d’images qu’ils utilisent pour s’exprimer témoigne souvent d’une dimension érotique, parfois très subtile, mais tout aussi fréquemment sous une forme plus extrême. Le langage d’images explicite fonctionne souvent dans leur œuvre comme une arme pour clouer les Etats Unis ou la Terre Promise américaine au pilori. Les Mexicains subissent continuellement une grande influence de l’Amérique, ces artistes veulent répondre à cela, telle une version de « Protest Art ». Au moyen de dessins humoristiques facilement identifiables ils critiquent par exemple l’influence de la télévision sur leur propre développement et sur le vécu qui est le leur.
Au Mexique l’influence de la télévision semble plus grande que partout ailleurs, on avance même qu’à la naissance la première expérience du nouveau-né est celle de la télé. Ce n’est qu’après que la plus grande partie des Mexicains apprend à se connaître, un processus qui va de pair avec la conquête d’un espace vital personnel. Créer cet univers fragile personnel, d’une façon imaginaire mais aussi physique, constitue donc le souci majeur de cette jeune génération d’artistes. A première vue, il semblerait que l’exposition Erógena a pour thème l’érotisme et le vécu sexuel. Cela n’est cependant pas un thème en soi, ce n’est qu’un langage d’images qui est utilisé pour exprimer la nécessité et le besoin d’un exutoire de sentiments retenus. L’érotisme superficiel cache la vulnérabilité. La contradiction se cache donc derrière chaque image ; une grande partie des Mexicains voudrait effectivement émigrer à tout prix aux Etats-Unis. Inconsciemment ils donnent corps à ce qui les attend dans le pays des étoiles et des lignes : des poupées Barbie blondes déformées, des jeunes hommes nus et musclés, la cruauté de l’obsession. Erógena a été composé par Magalí Arriola et a été présenté à Mexico City au Museo de Arte Carrillo Gil. Cette exposition a été réalisée avec le soutien de l’Ambassade de Belgique au Mexique et de l’Ambassade du Mexique en Belgique.
