Les préparatifs de la nouvelle exposition De la Collection : Together - Collaborative Art Practices battent leur plein. L'une des tâches de nos conservateurs est de vérifier l'état de chaque œuvre d'art avant qu'elle ne soit exposée. Ces phases de préparation peuvent être l'occasion de prendre le temps de traiter les œuvres en profondeur, comme le tableau Multiplier les sens.
Cette œuvre a été créée en 1959 par le peintre Englebert van Anderlecht en collaboration avec le poète Jean Dypréau, qui a écrit les mots sur la toile. La technique de peinture de Van Anderlecht est très intéressante. La façon dont il a dilué sa peinture à l'huile pour obtenir un effet semblable à celui de l'aquarelle et dont il a appliqué, par contraste, des empâtements très épais à côté, est exceptionnelle.
Au fil du temps, la surface du tableau a accumulé une couche de poussière. Au cours des dernières semaines, nous avons nettoyé la surface du tableau. La poussière a non seulement modifié l'apparence des couleurs de l'œuvre, mais elle pourrait également être l'un des facteurs qui ont accéléré le processus de vieillissement de l'œuvre par le biais de réactions chimiques avec les matériaux de la peinture.
La couche picturale a été traitée avec du gel d'agar-agar, un détergent non conventionnel. L'un des principaux arguments en faveur de son application était la contrainte mécanique minimale qu'il exerçait sur la surface de la peinture. Ce facteur était important car la couche de peinture blanche est texturée par des fibres incrustées qui sont sensibles aux contraintes mécaniques.
La solution d'agar-agar a été appliquée au pinceau sur la surface sous la forme d'un liquide chaud et épais. Après quelques instants de refroidissement, il s'est formé une gelée rigide qui s'est adaptée à la structure de la surface, s'est déposée sur chaque fibre et l'a ainsi nettoyée. La gelée d'agar-agar pouvait alors être retirée en un seul morceau. Les salissures superficielles des couches de peinture ont ainsi été éliminées, car elles adhéraient au gel.
Bien qu'elle ne soit pas visible de face, une dernière mesure était également importante. Le tableau a été doté d'une plaque arrière rembourrée faite sur mesure. Cette mesure était nécessaire car la toile se balançait fortement lors de la manipulation du tableau. Ce mouvement exerce une pression sur les couches de peinture, ce qui peut les fissurer et, dans le pire des cas, les faire s'écailler. En plaçant un support au dos de la toile, celle-ci bouge moins. Un support sert également de protection et de tampon contre les changements climatiques dans l'environnement de l'œuvre. Ceci est particulièrement important lorsque le tableau sort d'un entrepôt où les conditions climatiques sont strictement contrôlées.
Venez admirer ce chef-d'œuvre de la collection. À partir du 25 mai 2024, il sera exposé dans le cadre de l'exposition De la collection : De la Collection: Together - Collaborative Art Practices.