"Mon atelier ressemble davantage à une bibliothèque, à des archives, où se rassemblent toutes sortes de collections ; principalement des livres, du papier, mais aussi toutes sortes d'objets. Pour faire des dessins ou des croquis, j'utilise relativement peu d'espace ; 2 tables, et beaucoup de préparations sont faites sur l'ordinateur. Cela me donne l'idée de mobilité, une table pour travailler peut se trouver n'importe où."
L'œuvre de Marc Nagtzaam (°1968, NL-Helmond) se situe entre des forces opposées : le hasard contre l'ordre, la régularité contre le chaos intuitif, les règles préconçues contre l'improvisation avec une intention. Elle naît dans l'espace entre la pensée et l'émotion, entre le contrôle et la perte de contrôle. Échouant à ses règles de base, il cherche dans cet échec à devenir de mieux en mieux. La vibration et l'imprévisibilité de la main qui dessine et la variation des traces de la pointe du crayon adoucissent la logique rigide d'un système sous-jacent. À l'instar des abstracteurs géométriques et des (post)minimalistes, Nagtzaam crée un langage universel avec des formes géométriques primaires, sans références substantielles.
"Le dessin est le médium auquel je me rattache ; mes dessins sont à la fois une affirmation du médium et une négation de celui-ci. L'œuvre peut être considérée comme une réflexion sur le médium du dessin lui-même. Où est le dessin, le tiroir ? Le dessin peut-il devenir immatériel, exister comme une idée, se reformuler sans cesse ? Les dessins sont en grande partie un réarrangement d'images déjà existantes. Pour arriver à une nouvelle série de travaux, j'utilise des éléments d'architecture, de graphisme, des photos et des textes sélectionnés dans diverses sources, mais surtout des détails de dessins réalisés précédemment. L'œuvre est en quelque sorte auto-génératrice ; chaque dessin donne lieu à un nouveau dessin ou à une série d'œuvres. La construction d'une surface consiste en de courts traits de crayon placés les uns à côté des autres, une action mécanique presque statique. Dans les zones uniformément ombrées en gris foncé, on trouve des parties laissées de côté ; les structures des formes, des motifs basés sur une grille irrégulière, sont sans hiérarchie ni centre, ont un caractère non narratif.
Dans le cadre de ma pratique du dessin, je suis donc continuellement à la recherche de traductions, de remaniements de mes dessins dans un autre médium : sous forme de livre, de dessin mural (temporaire), d'installation spatiale ou de texte. Ces connexions permettent des changements de sens, de contexte, de temps, de distribution, d'expérience et d'espace. Pour cela, je collabore régulièrement avec d'autres artistes et designers."
- Marc Nagtzaam