La présentation The Library est le résultat d’un dialogue de longue durée entre l’artiste et le directeur du S.M.A.K., Philippe Van Cauteren, à l’occasion d’une donation que Koen Broucke a souhaité faire au musée.
Ce dialogue, qui a démarré en 2013, a porté sur la façon dont les œuvres variées de Koen Broucke peuvent faire partie de la collection du S.M.A.K. L’extrait de la lettre de Philippe Van Cauteren à Koen Broucke présenté ci-dessous donne au spectateur une idée des contours du projet.
Le défi de The Library est de rendre visible cet espace intermédiaire, de donner au spectateur un aperçu du fonctionnement de la pensée artistique de Koen Broucke. Après tout, pour un musée comme le S.M.A.K., collectionner ne consiste pas seulement à accumuler des œuvres d'art, mais aussi à conserver et à rendre visible la mentalité de l'artiste. Cela se fait souvent par le biais de peintures, de dessins ou d'objets, mais dans le cas de Koen Broucke, également par le biais d'une collection de livres, qui étaient invariablement présents dans son atelier et qui constituent, en quelque sorte, le champ artistique dans lequel il opère. Cette collection, à l'image de la pratique artistique de Broucke, est très diversifiée et comprend non seulement des livres d'art, mais aussi de la littérature, de la poésie, des biographies, de l'histoire, de la musique, etc.
Ce meuble de bibliothèque monumental, réplique de l'original conçu dans l'atelier par Renaat Nyckees, constitue en quelque sorte la couche d'humus dans et autour de laquelle les peintures, dessins et carnets de croquis de Koen Brouckes sont exposés et conservés.
L'inventaire complet de The Library a également été publié dans un livre d'artiste du même nom, avec des notes manuscrites de l'artiste et des textes de Leen Huet et Philippe Van Cauteren.
Koen Broucke (°1965, Sint-Amandsberg) est artiste plasticien, historien et performeur.
L'extrait suivant de la lettre de Philippe Van Cauteren à Koen Broucke donne au spectateur un aperçu des contours de ce projet.
« Rien d’étonnant à ce que l’historien que tu es s’intéresse aux évènements, à la façon dont on fait l’histoire, dont on la colore et on l’emballe. Mais ta tendance escapiste doit-elle être comprise comme un commentaire ou même un refus du présent, ou plutôt comme une projection romantique vers ce qui n’est plus ? Entre-temps, cela fait plusieurs années que nous dialoguons pour trouver la bonne forme sous laquelle ton œuvre peut faire partie de la collection du S.M.A.K.. Le point de départ étant ton geste généreux de donation à la collection. Le défi est depuis le premier jour de trouver cette forme qui tient compte de la stratification et de la complexité de ton œuvre. La signification de ton œuvre ne réside en effet pas seulement dans les œuvres individuelles en soi, mais aussi dans ce qui se passe entre les œuvres, les glissements. Le défi est de rendre ce glissando visible, d’indiquer au spectateur comment la pensée artistique de Koen Broucke fonctionne. Collectionner ne se résume pas à accumuler des objets, c’est aussi essayer de retenir l’attitude de l’artiste, souvent à l’aide de tableaux, de dessins, d’objets… Mais dans ton cas aussi au moyen d’une collection de livres, un mur plein d’ouvrages lus et non lus qui circonscrivent le terrain dans lequel Koen Broucke se meut. Littérature, poésie, biographies, histoire militaire, art, musique… un empilement vertical et une juxtaposition de livres, un mur d’escalade pour l’imagination. Ce paravent de livres constitue la couche d’humus devant laquelle des tableaux sont exposés, et dans laquelle des carnets de croquis sont conservés. L’inventaire complet de la bibliothèque est publié comme un livre d’artiste. L’inventaire est la partition de l’imagination de Koen Broucke, une partition qui se joue lorsqu’on s’y promène avec les yeux, en associant les livres entre eux. »
