Toguna
Pour Youssef Dara & Pawel Althamer
Pour tous les refugiés aujourd’hui
Ta histoire unique en est une comme des milliers,
des dizaines de milliers, des millions… Parce que
tu ne voulais pas te battre, parce que tu ne voulais pas
connecter le sang à ton âme et tes pensées, tu t’es enfui
quand ton village, tes proches, ta famille et tes amis,
tes rituels et ta culture, ancients et fildèles,
ont été attaqués, massacrés. La Toguna,
ta Casa de la Palabra, construit en trois jours,
est maintenant descendu comme une arche
dans le Musée. Comme un lieu central d’échange
et de tout ce qui peut être partagé sur terre pour
aplanir des conflits en s’asseyant. Le toit de bois et
de brindilles bas pour que l’humilité et la révérence
aient aussi une place au milieu des huit pilliers
en signe d’éternité. À l’origine les humains étaient
immortels, comme raconte la légende Dogon,
jusqu’à ce que soudain leur âme se sépare du corps,
a pris la forme d’un lébé*, comme des ancêtres vivant
dans des grottes et des cavités. Chaque rocher, arbre et
animal partie d’un tout connecté et vibrant.
L’antilope comme premier animal, le lièvre plein d’intelligence,
le crocodile si sacré, qui vit en famille et se laisse caresser.
Les sculptures de fertilité sont également des prières
pour favoriser la pluie, un enfant pour souligner
l’importance de l’éducation, une torture pour garder
le poison hors de la nourriture. Une tong car on n’entre
pas cet endroit avec des chaussures. Si naturellement connecté
à la nature, chaque événement laisse des traces pour qu’il
ne soit jamais oublié, pour qu’il ne puisse pas disparaître
de la conscience collective de l’humanité.
Inge Braeckman
lébé*: est le mot Dogon pour serpent qui n’a aucune connotation négative mais qui fait référence au premier ancêtre.