En 1957-58, Barry Flanagan entame brièvement des études d’architecture et de sculpture. Après quelques années d’interruption et des cours du soir auprès du sculpteur britannique abstrait Anthony Caro, il poursuit ses études artistiques à Londres. Flanagan s’insurge, avec ses condisciples Richard Long, Gilbert & George et Bruce McLean, contre la conception traditionnelle dominante de la sculpture. Face à la sculpture abstraite en métal, alors largement répandue, ils développent de nouvelles idées sur ce que peut être la sculpture. Lors de sa première exposition solo à Londres en 1966, Flanagan se fait remarquer par ses sculptures faites de matières inhabituellement « tendres » comme de la toile, de la corde et du sable. Les sculptures, organiques, ont une forme élémentaire et un caractère intemporel. Les œuvres de Flanagan datant de cette époque ont des points communs avec celles de Carl Andre, Robert Smithson et Eva Hesse. Très vite, il est repéré à l’échelle internationale. Il est notamment invité à participer à l’exposition retentissante « When Attitudes Become Form » (1969, Kunsthalle Berne).
Dans la deuxième moitié des années 60, Flanagan se consacre au happening, à l’art « dématérialisé » et aux médias. Il exerce une grande influence sur le développement spectaculaire du cinéma d’avant-garde. Vers la même époque, l’artiste se passionne pour les idées d’Alfred Jarry, l’auteur de la célèbre pièce de théâtre « Ubu Roi » (1896). Son approche de la sculpture devient de plus en plus ludique et humoristique. Flanagan laisse les matériaux trouver leur forme de façon presque anarchique : « Je pousse simplement les choses à se faire connaître en tant que sculpture. » Dans les années 70, il se met à faire des sculptures dans des matières plus durables, comme la pierre, le métal et le bronze. Se détournant des préoccupations artistiques théoriques, il opte résolument pour des sculptures qui ont un impact visuel et artisanal direct. En 1979, il crée sa première sculpture d’un lièvre bondissant. Elle devient la marque de fabrique de son art. Le cheval, archétype de la sculpture classique, ainsi que les chiens et les éléphants font aussi leur apparition en tant que motifs dans son œuvre. Le large succès remporté par ses sculptures animalières, figuratives et accessibles, a entre-temps quelque peu éclipsé le caractère profondément novateur de ses œuvres des débuts.
