Irma Blank, originaire du nord de l’Allemagne, a déménagé en Italie lorsqu’elle avait tout juste vingt ans. Son œuvre se déploie, à travers une série de lignes centrales, comme un voyage solitaire d’exploration du rapport complexe entre écriture et image. Elle développe ses propres systèmes graphiques qui s’efforcent de dépasser les limites du langage verbal et communiquent visuellement. Au lieu d’utiliser des mots pour exprimer une signification, l’artiste étudie la façon dont les signes peuvent rendre l’existence et l’écoulement du temps de façon universelle. Sa pratique, absorbée entièrement dans la plus stricte minutie, presque comme un rituel méditatif, s’est développée comme un cycle incarné, totalement sensoriel.
Blank a défini son langage visuel dans Eigenschriften, une première série de dessins au pastel sur papier qu’elle a réalisés peu après son arrivée en Sicile. La confrontation à une langue inconnue et à une autre culture a déclenché chez elle un sentiment d’isolement. En tournant son regard vers l’intérieur, elle a cherché de nouvelles façons de s’exprimer. En 1973, elle s’est rendue à Milan et a fait connaissance avec la poésie concrète, un style qui allait exercer une profonde influence sur elle. Le cycle d’œuvres suivant, intitulé Trascrizioni (Transcriptions), se composait de lay-outs typographiques – dessinés à l’encre noire – de textes qui l’intéressaient. Dans Radical Writings (1996), elle associe le rythme de sa respiration au geste linéaire de l’écriture en tant qu’acte répétitif.
Avec la série Avant-testo, elle est revenue, après une exploration des possibilités numériques, à la forme rituelle de l’écriture manuscrite. Global Writings est constitué de combinaisons variables de séries de lettres identiques. En 2017, elle a entamé un nouveau recueil intitulé Gehen, Second Life, qu’elle a réalisé de la main gauche après la paralysie de la moitié droite de son corps : une nouvelle fois, son œuvre et sa vie s’entremêlent étroitement dans ce travail.
Blank a exposé un peu partout dans le monde et, en 1978 et 2017, elle a participé à la Biennale de Venise. En 2019-2021, une exposition rétrospective de son œuvre a été organisée par le MAMCO, à Genève ; le CCA – Center for Contemporary Art Tel Aviv et la Bauhaus Foundation, à Tel Aviv ; le CAPC Musée d’Art Contemporain, à Bordeaux ; le Bombas Gens Centre d’art, à Valence ; et le Museo Villa Dei Cedri, à Bellinzona.