Kees Goudzwaard n'est pas le genre d'artiste à se faire remarquer dans le monde de l'art ou dans les médias. Il laisse ses œuvres parler pour elles-mêmes. Avec tout au plus un titre suggestif ici ou là, il se permet de faire allusion à une possible interprétation de son œuvre. L'œuvre de Goudzwaard comprend principalement des peintures à l'huile sur toile, mais aussi des sérigraphies et plusieurs grandes peintures murales, notamment à Mexico et à Gênes.
Goudzwaard base ses peintures à l'huile sur des modèles physiques qu'il compose soit entièrement avec du ruban adhésif, soit qu'il assemble à partir de ruban adhésif, de papier et/ou de film couleur. Une fois la composition d'un modèle équilibrée, le peintre transfère l'image grandeur nature sur la toile en fines couches de peinture transparentes. Le modèle est ensuite détruit, comme s'il n'avait jamais existé.
Bien que la manière dont les compositions de Goudzwaard ont été créées - en partie à cause de leur échelle - soit fortement ressentie, l'artiste évite que l'on puisse comparer ses tableaux avec leurs modèles. À chaque étape du processus de fabrication, Goudzwaard semble s'efforcer de faire coïncider le proposé avec le représenté. Il sépare radicalement la conception (le modèle), l'exécution (le tableau) et la contemplation et veut à tout prix éviter que notre attention ne s'éloigne des tableaux.
Avec ses œuvres, qui pourraient être considérées comme des reproductions techniquement époustouflantes de compositions provenant de matériaux banals, Goudzwaard provoque des analyses approfondies de nature critico- artistique et philosophique. Sa peinture aborde de nombreux thèmes picturaux importants de l'histoire de l'art: notamment le trompe-l'œil des natures mortes hollandaises du XVIIe siècle, les collages des cubistes, l'autonomie des moyens visuels dans la peinture abstraite, la peinture fondamentale et l'art minimal.
Dans la seconde moitié des années 90, Goudzwaard réalisa des peintures dans lesquelles il intégra des textes et d'autres éléments visuels. Plus tard, il limita à nouveau ses compositions à des constructions de papier et de ruban adhésif. La plupart sont caractérisées par une succession rythmique de leurs éléments constitutifs, en juxtaposition ou dans une grille. De cette façon, il ne doit pas justifier ses compositions.
Goudzwaard peint sans texture. Sa main n'est reconnaissable qu'à l'endroit où les morceaux de ruban adhésif ont été arrachés. Dans certains tableaux, les proportions entre le ruban et le papier indiquent que le modèle fut réalisé en position verticale. C'est ainsi que, en prévision de la gravité, le ruban adhésif ne se trouve que sur le haut du papier. Autrement, le ruban adhésif se trouve tout autour du papier, comme si l’on regardait une vue à vol d'oiseau d'un plan initialement horizontal.
