Philip Van Isacker fait des études de droit et d’histoire de l’art à l’Universiteit Gent avant de devenir artiste plasticien. Au début de sa carrière artistique, Van Isacker crée essentiellement des tableaux, mais il déploie rapidement des talents de sculpteur et, dans les années 1980, il expose sa première œuvre sculpturale. Sa sculpture, qui oscille entre abstraction et figuration, est caractérisée par un minimalisme qui inclut des influences postmodernistes et découle d’un mécanisme de pensée conceptuel. La sculpture classique et son héritage constituent la base de sa pratique artistique. Si ses premières œuvres font la part belle aux structures géométriques, ce sont les formes organiques qui définissent en général ses œuvres plus récentes.
Van Isacker crée principalement sa sculpture à partir d’argile, de marbre ou de métal. Relevons de surcroît chez lui une prédilection pour les matériaux éphémères qui sont exposés aux éléments. Sa sculpture semble ainsi évoquer l’écoulement du temps et la fugacité de l’existence. Ses œuvres, qui se trouvent dans un état permanent d’inachèvement, sont définies par lui comme « des monuments à la gloire du droit de douter ». Le caractère éphémère de son art lui apporte une ouverture et une multitude de sens. Plusieurs interprétations sont possibles, et nous sommes libres de donner à l’œuvre la teneur qu’il souhaite.
Van Isacker s’oppose aussi à toute forme de catégorisation. Avec la série ‘Dessins et sculptures sans propriétés’, Van Isacker semble insister sur le fait que son œuvre se crée d’elle-même et n’est pas tenue d’avoir certaines propriétés pré-établies. Le corps humain est un thème crucial dans sa pratique artistique. Au départ, il représente le corps de manière fragmentée, avec un torse ou une tête reposant sur un socle. Peu à peu, ces parties de corps font place au corps humain complet, présenté avec ou sans socle.
Hormis le corps humain, Van Isacker produit dans les années ‘90 une série de sculptures sur la technique du drapé, afin d’étudier la notion de mouvement en tant qu’entité autonome. À partir des années 2000, Van Isacker intègre la vidéo dans sa pratique artistique et l’image en mouvement fait dès lors régulièrement son apparition dans ses installations sculpturales. Citons comme exemple ‘Within The Movement Of Time / The Juggler’ (2009), qui réunit vidéo et œuvres d’art autonomes existantes, pour arriver à une image globale.
Les sculptures de Philip Van Isacker sont visibles non seulement dans les institutions artistiques traditionnelles, mais aussi dans l’espace public ou semi-public. Ses œuvres in-situ apparaissent pour la première fois à Gand. Lors de l’exposition collective ‘Chambres d’Amis’, organisée en 1986 par Jan Hoet, Van Isacker présente quatre œuvres sculpturales d’argile et d’acier, en constante transformation car exposées aux éléments naturels. Après ‘Chambres d’Amis’, Van Isacker installe d’autres œuvres dans l’espace public, notamment à Knokke, à Malines, à Anvers et à La Haye. Van Isacker croit en un art accessible à tous. Comme il l’indique lui-même, il veut que « l’art soit compréhensible pour les êtres humains, l’art doit toucher davantage qu’une certaine élite. Cela n’a rien à voir à le fait qu’il soit figuratif ou abstrait. »
Une de ses sculptures dans l’espace public qui a fait grand bruit est ‘Le jongleur ou L’homme qui cherche son équilibre’ (2005) à Eeklo. La sculpture fait partie de la série ‘The Juggling Man’ et part de la sculpture éponyme du sculpteur néerlandais Adriaen De Vries, dont l’art a franchi le seuil du baroque et qui s’est lui-même inspiré d’une sculpture helléniste qui aurait soi-disant été restaurée par Michel Ange. Le jongleur de Van Isacker fait l’objet de diverses interprétations, qui vont d’un portrait de l’artiste divertissant le spectateur à une représentation d’un être humain en recherche.
Van Isacker enseigne la sculpture à Sint-Lukas Gent entre 1993 et 2014, et il a été associé à l’unité d’enseignement et de recherche Architecture et Urbanisme de l’Universiteit Gent. Non content d’être sculpteur et professeur, Van Isacker est aussi historiographe de l’art ou artiste écrivain. Il publie régulièrement des livres, le plus récent étant ‘De Sculptura: Over de beeldhouwkunst’ paru en 2021. Dans ses écrits, Van Isacker analyse l’art de la sculpture à l’aide d’études de cas significatives pour l’histoire de la sculpture.
