Ronny Delrue étudia la peinture à la School of Arts/KASK de Gand et fut lauréat de la HISK d'Anvers en 1994. Ses dessins et peintures représentent presque exclusivement des têtes. Parfois, elles ne sont que grossièrement indiquées par un contour, d'autres fois, elles sont peintes dans leur intégralité. Alors qu'elles semblent chercher le contact avec nous, l'absence d'yeux, de bouche et de nez complique les choses. Les têtes représentent l'humain dans son ensemble et se situent entre l'autoportrait, le portrait et le paysage. Bien qu'elles expriment les convictions de l'artiste, elles nous renvoient surtout à nous-mêmes et à notre intériorité personnelle. Le thème central de l'œuvre de Delrue est la pollution, la pétrification et la disparition de l'esprit, idéalement pur. Chaque série est plus ou moins liée à ce thème et naît d'une pensée concrète ou d'un stimulus émotionnel. La série d'œuvres 'Cerebriraptor' (mangeur de cerveau) de 2005, par exemple, parle spécifiquement de l'homme qui, en raison d'influences extérieures, n'a plus de prise sur ses propres pensées.
Les dessins et les peintures de Delrue sont créés en parallèle, le dessin étant d'une importance primordiale. Ce médium lui permet de visualiser directement et en souplesse les choses qui lui viennent à l'esprit au quotidien. Dans ses dessins, Delrue ne se contente pas de concevoir des projets pour plus tard, il y saisit également des exercices de réflexion qui l'aident à filtrer les idées et les motifs. Il décrit ce type de dessin comme son 'laboratoire d'idées'. L'artiste réalise également des dessins de journal intime et des dessins de modèles, auxquels il confère un statut autonome. Les dessins du journal sont des études rapides et impulsives au crayon, à l'aquarelle et/ou à la gouache sur papier. L'utilisation de la couleur est réduite au noir, au gris et au brun. De brèves notes mentionnent la date et l'heure et indiquent, entre autres, lorsque l'artiste a (également) dessiné de la main gauche. Elles soulignent le caractère de journal intime.
De même, dans ses peintures, Delrue entame une bataille avec l'esprit. Ses toiles s'envasent sous des couches de peinture grise. Les paysages semblent baigner dans un épais brouillard et ne peuvent être discernés que comme un souvenir qui s'estompe. Ils s'étendent sur les bords de la toile et se fondent dans l'espace où ils sont exposés. Au cours de la dernière décennie, Delrue expérimenta également avec d'autres types de médias, notamment la vidéo, la photogravure, l'art graphique et la sculpture.
Ainsi, au cours de plusieurs résidences d'artiste au Centre européen de travail céramique de 's-Hertogenbosch, il développa ses 'mind sculptures', des sculptures en terre cuite et non cuite que Delrue considéra comme des 'bâtiments dans lesquels nous pouvons vivre et nous promener'. Travailler avec d'autres médias influença le développement ultérieur des dessins de Delrue. Son doctorat de 2011, dans lequel l'artiste explora l'importance du dessin, rendit sa technique de peinture plus spontanée, plus rapide et plus légère.