Sheroanawe Hakihiiwe est un artiste indigène Yanomami de Pori Pori, une communauté éloignée de l’Alto Orinoco, en Amazonie vénézuélienne. Guidé par l’artiste mexicaine Laura Anderson Barbata, il a débuté sa carrière dans les années 1990 après avoir appris à fabriquer du papier à partir de fibres indigènes. Cette technique a permis à l’imagerie traditionnellement destinée au corps de voyager au-delà de l’Amazonie, car les Yanomami ne dessinent habituellement pas sur du papier. Cela découle de la croyance selon laquelle le savoir appartient à la communauté et au territoire.
L’artiste tient un carnet de croquis jusqu’à ce qu’il puisse les traduire en différentes techniques lorsqu’il passe du temps à Caracas. Les œuvres de Hakihiiwe, qui se composent de dessins, de peintures et de sérigraphies sur papier et sur tissu, offrent une interprétation très personnelle de la tradition et de l’identité yanomami. Ses dessins et ses peintures évoquent ses rites et ses croyances, ses observations de la jungle et sa préoccupation vis-à-vis de l’écosystème. Sa pratique a pour but de protéger la mémoire orale de son peuple, sa cosmogonie et ses traditions ancestrales contre les tentatives incessantes et omniprésentes des Occidentaux de faire disparaître les cultures indigènes. Avec Laura Anderson Barbata, ils ont fondé le projet communautaire Yanomami Owëmamotima, une initiative autonome dont les premiers livres fabriqués à la main ont été écrits, illustrés et publiés à partir d’une expérience communautaire collective.
Les œuvres de Sheroanawe Hakihiiwe ont été largement exposées au Venezuela et à l’étranger. Il a notamment été présenté à la XIIe Biennale de Shanghai, en Chine (2018), à la 23e Biennale de Sydney (2022) et à l’exposition centrale de la 59e édition de la Biennale de Venise (2022).