Présentation dans le cadre du Week-end du Patrimoine 2003, sur le thème du "Voyage".
A la base de l’œuvre de Christoph Fink se trouvent les voyages qu’il effectue à travers le monde. Son œuvre, qu’il appelle "Atlas der Bewegingen" (Atlas des Mouvements), est non seulement constituée de cartes, mais aussi de notes, de tables, de calculs, de photos, de sculptures et d’enregistrements sonores. Il ne part pas seulement de données objectives, mais ce sont surtout ses propres expériences subjectives qui sont centrales et qui déterminent la vision du monde. Ces voyages – à pied, à vélo, en voiture, en train ou en avion – ne sont pas seulement un moyen d’atteindre une destination particulière, mais ont en réalité plus d’importance que la destination finale en elle-même. Il s’agit dans son œuvre de documenter les étapes intermédiaires, entre "ici" et "là-bas", de montrer toutes les impulsions que l’on reçoit lorsqu’on est en route. Au cours de ses voyages, Fink prend presque constamment de brèves notes, qu’il transcrit et adapte ensuite dans des dessins, des schémas, des sculptures et des tables. Avec énormément de concentration, il note minutieusement, à des moments chronométrés, ce qu’il voit et ressent. Tant l’environnement qui se déroule sous ses yeux et le paysage (par exemple, la position du soleil, la couche de nuages, la nature, les villes proches), les circonstances du voyage (par exemple, rouler en descente ou dans des tunnels, les chocs occasionnés par les trous d’air) que les sentiments qu’il ressent (étonnement, fatigue, irritation). La combinaison de ces aspects nous livre un compte-rendu de voyage vraiment passionnant, qui relie les facteurs externes comme les circonstances atmosphériques à une certaine introspection, ce qui remet l’homme en relation avec la nature. L’expérience du paysage, de la ville et de la nature est centrale pendant ses voyages. Il ne s’agit pas ici du paysage en soi, mais de la totalité formée par celui qui regarde dans l’environnement. Les efforts physiques fournis au cours de randonnées à vélo dans les Alpes, les journées entières de promenades, ou les longues heures de vol durant lesquelles l’artiste essaie de rester constamment concentré, le font presque s’effacer en faveur du flux continu de points de vue, d’expériences et de sentiments, et quasiment se fondre dans l’environnement.
Dans notre société actuelle où l’homme utilise, défriche, déboise et pollue la nature d’une façon de plus en plus extrême, il veut établir un contact nouveau avec la nature. Pour ce faire, il utilise les moyens de transports contemporains comme le train et l’avion, ou il se promène à pied et à vélo. Les expériences du "ici et maintenant" qu’il note continuellement en sont les traces. Lorsque Fink rassemble les différentes notes et trajets dans des schémas, des lignes du temps et des cartes, il crée une certaine perspective sur le monde des expériences. Les cinquante voyages que Fink a réalisés jusqu’à présent forment un atlas personnel que l’on peut en même temps extrapoler vers l’universel, vers quelque chose qui va beaucoup plus loin que le voyage en lui-même. Chaque voyage se voit attribuer un numéro (#) que l’on retrouve aussi sur les différents dessins. Dans la salle vidéo, il présente un film dia comprenant des centaines d’images, prises au cours d’une randonnée à vélo vers l’Etna. Dans cette salle, on peut également entendre un "soundscape" (paysage sonore), un mélange de bruits enregistrés à différents endroits et montés en suivant la chronologie de ses voyages. Les dessins semblent être les partitions des bruits, ils sont à la base de la composition que l’on entend. Dans la pièce voisine, on peut voir différentes cartes, schémas, lignes du temps et dessins qui sont tous liés à un voyage particulier ou donnent un aperçu des voyages déjà réalisés. Les dessins traitent de promenades à Bruxelles ou à Rotterdam, également d’un voyage en avion, de parcours à vélo à travers la France et l’Italie. D’autres œuvres donnent un aperçu abstrait des périodes durant lesquelles Fink "est en voyage". On peut déduire des schémas l’intensité de l’observation et la répartition dans le temps des moments de notation. Une série de trois grands dessins traite par exemple d’un voyage à Luzerne. Les différents points de notations sont classés en fonction des moments d’observation. Tous les dessins ont été réalisés d’une manière différente, témoignent d’autres relations entre les moments temporels, ont été mis en couleur ou encore piquetés.