CASINO 2001: 1st Quadrennial

27.Oct.01
12.Jan.02
Casinogrosse

Le S.M.A.K. présente la première Quadriennale d’Art Contemporain, une exposition à grande échelle avec des artistes venant de plusieurs pays. 

La première Quadriennale est intitulée CASINO 2001. Le casino et Las Vegas sont des métaphores de la culture populaire d’images qui inspire de nombreux jeunes artistes. Une soixantaine d’artistes exposeront au S.M.A.K., au musée de la Byloke et au parc de la Citadelle.

UNE QUADRIENNALE A GAND

Déjà au moment de l’ouverture du nouvel édifice du musée en 1999, le S.M.A.K. avait l’intention de créer un forum pour des artistes jeunes ou peu connus, en sus des expositions programmées. Ce ‘’forum’ serait organisé avec une certaine régularité et fournirait une plate-forme à des artistes pour lesquels le musée ne s’était pas encore, ou à peine, engagé dans le passé. Un espace sera créé pour des artistes dont l’œuvre répond d’une façon significative à la discussion au sujet de l’art contemporain et aux opinions courantes à ce sujet. La présentation d’une multitude d’artistes et de projets crée la possibilité d’établir des contacts, de partir à la recherche de ressemblances et de différences intéressantes, et de pratiquer des échanges à différents niveaux. Dans ce sens, la Quadriennale constitue un défi pour le musée, contraint de cette façon à recommencer à zéro tous les quatre ans. Pour chaque Quadriennale un nouveau directeur artistique sera désigné, quelqu’un qui sera chargé de l’élaboration d’un concept en matière de contenu, et qui établira la sélection des artistes. Le choix du directeur se fait sur base de la vision de celui-ci en matière d’art contemporain, une vision qui ne correspond pas nécessairement aux options que défend le musée, mais qui est peut-être intéressante précisément pour cette raison. Le S.M.A.K. choisit consciemment de lancer une exposition qui rompt le ‘rythme traditionnel des expositions’, déterminé par l’organisation d’expositions temporaires au musée en sus de la présentation de la collection permanente. La Quadriennale devient ainsi une institution complémentaire du musée. La Quadriennale se trouve dans la prolongation de l’expérience dont le musée dispose déjà en matière d’événements. D’un point de vue international on remarque que les expositions biennales, triennales etc. prennent de plus en plus d’importance en tant ‘qu’événements’, et commencent à occuper une place du même niveau que les musées permanents qui disposent d’une collection fixe. La Quadriennale sera donc une espèce de plaque tournante, un ‘événement’ faisant en sorte que le musée interroge continuellement son propre fonctionnement. Elle deviendra un mécanisme structurel, créant certaines ouvertures dans le fonctionnement normal de l’institut.

LA PREMIÈRE QUADRIENNALE: CASINO 2001 DIRECTION ARTISTIQUE

Jeanne Greenberg Rohatyn, directrice indépendante et conseillère artistique de New York, a été nommée directeur artistique de la première Quadriennale. En 1997 elle a présenté l’exposition ‘American Artists in Paris’ dans la résidence de l’ambassadeur américain à Paris. A Limerick (Irlande) elle a fait partie du jury de l’exposition EV+A’99. Au cours des dernières années elle a composé à New York plusieurs expositions de photographie contemporaine, comme ‘Another Girl/Another Planet’ (2000) et ‘Party Pictures: From Studio 54 to Cannes’ (2000). Elle s’est également engagée à fond dans l’installation d’oeuvres d’art contemporain dans des sites alternatifs, et a été directeur de ‘WallWorks’, un projet avec des installations murales pour Edition Schellmann. En ce qui concerne le choix de Jeanne Greenberg, Jan Hoet dit ce qui suit dans sa préface du catalogue : «Pour cette première Quadriennale j’ai voulu nommer quelqu’un qui, tout en ayant déjà fait ses preuves, ne bénéficie pas pour autant d’une renommée internationale, un directeur ayant un certain potentiel et qui, parvenu à ce point de sa carrière, est prêt à relever un nouveau défi et qui considère ce genre d’exposition à grande échelle comme une possibilité de continuer à se développer et de raffiner encore son sens de l’art. (...) La collection du S.M.A.K. est fortement axée sur la scène artistique européenne et a été construite autour de figures centrales telles que Beuys et des courants tels que l’Arte Povera. Il m’a donc semblé intéressant de donner la responsabilité de ce «side-show» à un constructeur d’expositions du «Nouveau Monde», en mesure d’approcher de par son milieu d’origine, l’art de l’Europe et celui des Etats-Unis d’une façon fraîche, et neuve pour nous. Jeanne Greenberg peut provoquer des confrontations et des champs de tension qui élargissent notre champ de vision.» CASINO 2001 La dénomination de l’exposition réfère à la fonction originelle du bâtiment qui abrite le S.M.A.K. depuis 1999.

Dans le passé l’actuel bâtiment du musée hébergeait effectivement un casino. CASINO 2001 réfère également au symbolisme et à la mythologie de la culture populaire américaine, où le casino est une métaphore par excellence. Le casino, en tant que lieu extravagant et théâtral où la popularité et l’argent sont au cœur de tout, fonctionne comme une espèce de ‘site modèle’ pour l’exposition. Le casino réfère aux paillettes et au caractère superficiel, mais aussi au fait que la dépendance, la corruption et la violence sont omniprésentes dans ce genre de temples du jeu. Cette dualité est également perceptible dans la disposition des oeuvres au S.M.A.K. Au musée il y a un passage évident de ce que le phénomène «casino» a d’amusant et de superficiel à son revers sombre et agressif. Jeanne Greenberg écrit ce qui suit au sujet de Las Vegas : « Le symbolisme et la mythologie de Las Vegas et de ses casinos sont construits sur le présent et sur l’effacement du passé. Les grandes villes dont Las Vegas a reproduit une version miniature (Paris, Venise,...) ont été dépouillées de leur histoire : ce sont des allusions amputées de leur contexte original. Des lieux d’amusement exotiques et étrangers deviennent accessibles et sécurisants : aucune langue ni monnaie étrangère ni révolution politique ne viennent assombrir la valeur d’amusement. Las Vegas n’est que façade, un décor d’Hollywood, une version de parc d’amusement des Etats-Unis, avec des espaces d’habitation, de magasins et de lieux d’amusement disposés de façon thématique en «environments». Le Las Vegas de Libby Lumkin... Las Vegas fait à un rythme accéléré ce que font toutes les cultures démocratiques : gommer les différences de classe et détruire les différences culturelles. A Las Vegas la culture et l’amusement ne font plus qu’un. La culture de haut niveau, de niveau moyen et bas se rejoignent pour devenir une culture sans niveau. Ce qui reste est ce qui est phénoménal et spectaculaire. ». La culture des loisirs a changé en profondeur l’aspect de l’art contemporain. Les artistes ont absorbé dans leurs créations des formes médiatiques telles que le film, la vidéo, la photographie, les effets spéciaux, l’animation par ordinateur et le marketing. L’artiste new yorkais Paul Pfeiffer par exemple, travaille autour des icônes que nous célébrons par le biais de l’écran de télévision. Dans ‘The Long Count (I Shook up the World)’ il montre la fameuse défaite de Sonny Liston en 1963, où Cassius Clay se proclame après sa victoire Muhammed Ali, le roi du monde. Pfeiffer efface les personnages en tant que tels, si bien que nous ne voyons que des spectres dans un genre de gel liquide qui sautent à gauche et à droite dans le ring tandis qu’ils distribuent des coups bien placés. La plupart des artistes qui participent ont grandi au cours des années 70, dans la période où de nombreux courants ou ‘-ismes’ se suivirent à un rythme accéléré. Ils réinterprètent l’esthétique froide du Pop Art dans la culture contemporaine. Leur génération a été éduquée avec des notions telles que le conceptualisme, la consommation, l’amusement et la technologie. La plupart des artistes considèrent la télévision, le film ou un jeu vidéo comme une expérience importante, parfois même esthétique. Souvent la limite entre artiste et ‘célébrité’ se fait minime, et dans l’œuvre l’atmosphère publique et privée glissent l’une dans l’autre. Keith Edmier par exemple, collaborera pour son œuvre dans CASINO 2001 avec Farah Fawcett, la star glamoureuse de la télé qui est entre autres devenue célèbre dans les années 70 en jouant le rôle d’un ‘Charlie’s Angels’. Avec un directeur artistique originaire de New York et un grand nombre d’artistes participants qui vivent à New York, il était inévitable que les évènements récents de New York aient des répercussions pour l’exposition. Certains artistes ont apporté au dernier moment des modifications à leur œuvre. Nic Hess par exemple a référé à la catastrophe entre ses logos et Katharina Grosse a donné un aspect plus sombre que d’habitude à son mur de grafitti.

Le catalogue a lui aussi subi des changements de dernière minute : outre un post scriptum de Jan Hoet et de Jeanne Greenberg Rohatyn, il a également été décidé de changer la séquence des pages d’artistes à la lumière des événements.

SITES

CASINO 2001 occupera le rez-de-chaussée du S.M.A.K. ainsi que le musée de la Byloke. Cela établira un dialogue entre deux institutions différentes du point de vue architectural : le ‘cube blanc’ moderne et le musée municipal historique. Le S.M.A.K. a effectué des travaux de rénovation en 1999. L’impression de cube blanc en est renforcée par la lumière naturelle qui entre par le toit de verre et par plusieurs couloirs. L’artiste américain Ricci Albenda redéfinira ici le rôle de la galerie de musée en faisant serpenter les murs d’un blanc immaculé et en ajoutant des porches et des socles. Le musée de la Byloke a été transformé pour l’occasion en une espèce de ‘’Musée de figures de cire’’. A l’origine, ce musée était un couvent de cisterciennes, fondé au XIIIième siècle. Ce couvent, plus connu sous le nom de l’abbaye de la Byloke et dont les bâtiments datent en majeure partie du XIVième siècle, s’occupait de l’hôpital attenant. Le musée héberge plusieurs artefacts spécifiques, notamment des statues, des peintures, des curiosités, des objets et des éléments décoratifs qui sont tous liés à l’histoire de la ville. Pendant ‘Casino 2001’ des oeuvres et des objets contemporains remplaceront la collection du musée. La Byloke sera le site d’une expérience qui transformera l’ancienne abbaye en une maison de plaisir (‘funhouse’), un genre de musée de figures de cire où des caricatures de la réalité seront présentées, où les artistes auront laissé libre cours à leur imagination, et où le visiteur éprouvera une sensation de désorientation. Le peintre américain Kurt Kauper par exemple a remplacé les portraits du XVIIIième siècle dans la salle des guildes du musée par ses portraits contemporains. Dans le parc de la Citadelle, qui relie les deux sites, Sislej Xhafa a utilisé le kiosque pour un projet in situ. Encore dans le parc, un bunker souterrain, construit pendant les années 50, à l’époque de la Guerre Froide, est le site qui procure l’ expérience la plus physique, presque de claustrophobie. Tuttofuoco montre ses vélos, qui sont simultanément des portraits de ses amis, sur la piste du Kuipke. Piotr Uklanski enfin, fait baigner la façade du Musée de Gand dans un spectacle de lumière qui semble vouloir faire concurrence à Las Vegas.

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