L'oeuvre de Dora García se situe entre la performance, le texte et l'installation.
Elle s'intéresse particulièrement aux situations ou aux contextes qui interrogent le rapport traditionnel qui existe entre l'artiste, l'art et le spectateur. Son oeuvre dépasse les frontières et le rapport qui existe entre fiction et "réalité neutre". García tente de saisir comment l'oeuvre et la signification voient le jour. Le langage joue un rôle important en tant que mode de communication et comme système de signes codés. Le musée présente quelques oeuvres existantes qui ont la langue pour point de départ, ainsi que quelques films. Des acteurs réaliseront des performances subtiles dans les salles du musée et ce, pendant toute la durée de l'exposition.
L'oeuvre de Dora García dépasse les frontières et le lien entre réalité et fiction, entre ce qui est "spontané" et "appliqué". Il n'existe pas de réalité neutre dans laquelle toute action est autonome et donc pure. Notre comportement ne provient pas d'une espèce de tabula rasa, au contraire, il est profondément marqué et est dirigé tant par des facteurs sociaux que personnels. Chaque action découle tout d'abord du pays, de la culture ou de la civilisation dans lesquels nous vivons. D'autre part, notre comportement est déterminé par des expériences, des souvenirs et les événements précoces. La demande de "direction" des actions est en fait à côté de la plaque car elle est omniprésente. Dora García essaie précisément de ramener tout ceci à la surface, pour mettre en cause le taux de vérité de la réalité. Il n'y a pas "une réalité", mais plusieurs hypothèses possibles. Ce que nous croyons ou que nous acceptons comme une réalité est étroitement lié aux histoires ou aux réalités que nous connaissons tous. En posant divers scénarios, nous influençons notre perception de la réalité. L'oeuvre de García n'est donc pas autonome, elle ne réalise pas d'objets oeuvres d'art qui n'existent que dans un contexte institutionnel ou commercial. Son oeuvre est de nature conceptuelle, elle se compose généralement de textes, de photos, de performances et d'installations liées à un lieu. L'attachement à des objets empêche la transmission d'idées. Son oeuvre utilise comme matériau des "personnes" et évoque précisément les interactions entre actions spontanées et appliquées, entre le savoir et l'absence de savoir, entre le conscient et l'inconscient. Diverses performances de García ont la communication pour point de départ. Étant donné que chaque personne expérimente les événements dans le cadre d'expériences et de souvenirs passés, la communication pure est une utopie. L'échange d'informations ou le dialogue contiennent toujours une communication sur d'autres plans, comme dans "The Messanger". En relation à l'idée généralement acceptée selon laquelle l'art doit nous donner des points de vue originaux sur la réalité, Dora García ne nous propose précisément pas un regard unique sur la réalité. Elle interroge ce que nous considérons comme une réalité neutre de l'extérieur. L'environnement protégé dans lequel nous pouvons venir "regarder" les oeuvres d'art est élargi. La frontière entre le performer (actif) et le public (passif) est éliminée, toute notion de théâtralité est abandonnée, de manier à atténuer la frontière entre l'art et la vie.