Parallèlement à l’exposition d’oeuvres de Walter Leblanc, le SMAK présente une exposition de Luc Peire, son contemporain.
"Ma peinture n’en est pas une de formes, mais de rythme et de rapports, afin d’établir ainsi une tension qui requiert la contemplation. Pour moi, l’aspect spirituel d’une œuvre est plus importante que la surface plastique." - Luc Peire
Un survol sélectif de son œuvre est proposé au moyen des divers ateliers où il a vécu et travaillé. Peire a été actif dans 26 ateliers dans le monde entier. Il a travaillé entre autres au Mexique, au Maroc, à New York et dans plusieurs studios du continent européen. Il est évident que la diversité de ces lieux de travail a influencé son œuvre. Pendant tous ses voyages, Luc Peuire a été accompagné par son épouse Jenny Peire, qui a pris pendant des années des notes dans son journal. A l’occasion de l’exposition ces notes sont éditées par Ludion. De figurative, l’œuvre de Peire a évolué - par un processus d’approfondissement de la sobriété et de la stylisation, processus exécuté avec conséquence - vers un langage plastique abstrait et géométrique épuré. Au milieu des années cinquante, il restait de sa représentation du corps humain encore une boule pour la tête et une ligne pour le corps. Les courbes se font rares. Les diagonales droites disparaissent, à quelques exceptions près, au milieu des années soixante. Au fil du temps les verticales aux variations rythmiques sont devenues pour ainsi dire l’image de marque de son oeuvre. Au moyen de ce verticalisme rigoureux, Peire ne recherchait pas avant tout un effet d’optique. Il était bien plus porté par une motivation chargée en premier lieu de spiritualité, basée sur une conscience très cosmique.
En se redressant, l’homme s’élevait vers un niveau spirituel plus élevé. Pour Peire, la ligne verticale est le symbole de l’émancipation de l’homme, tendant vers le cosmos. Cette référence par trop explicite, presque stéréotypée, au verticalisme dans l’œuvre de Peire, ne fait pourtant pas justice à la complexité de son œuvre. L’espace et le rythme constituent au moins des caractéristiques aussi importantes qui permettent l’effet d’élargisssement vers le haut des lignes verticales. L’effet explicite de suggestion de l’espace dans ses oeuvres et graphies aboutit à de nombreuses intégrations de l’architecture et à des oeuvres explicitement spatiales. Son «environment I» (1966) de la collection du SMAK, présenté lors de cette exposition dans le hall d’entrée, constitue à cet égard une étape de son oeuvre. Peire lui-même disait à ce sujet: ‘Ce n’est pas un seul maillon de mon œuvre, mais un piquet auquel est attaché la chaîne formée de maillons. C’est l’œuvre qui donne le plus explicitement une image de mon aspiration.’ L’exposition regroupe environ 40 peintures de Peire - réalisées de 1934 à 1993 - et donne en même temps un aperçu plus ou moins chronologique des divers ateliers et de l’évolution de l’œuvre de l’artiste.