Le Canadien Royden Rabinowitch (°1943, Toronto) est déjà actif depuis 1962 en tant qu’artiste plastique. L’ancien Musée d’Art Contemporain de Gand a organisé sa première exposition individuelle en 1984.
Ensuite son œuvre a été présentée entre autres dans le cadre de Chambres d’Amis (1986), d’Open Mind (1989), de Minima(a)l (1992) et de la documenta IX (1992).
Cette exposition présentera l’œuvre portant le titre impressionnant ‘Handed operatior bundles through two or three axes limited to local ocular or local somatic descriptions’. Il s’agit d’une série de «corps» métalliques orientés à la verticale et constituant tous ensemble une construction faisant songer à un labyrinthe. La côte d’un cône sert de forme de base. Aux parois de l’espace d’exposition quatre toiles blanches sont disposées, sur lesquelles plusieurs lignes circulaires ont été tracées au crayon. Rabinowitch a étudié la physique et les mathématiques. Pendant ses études il était déjà conscient du fait que l’espace abstrait « scientifique » n’a rien à voir avec notre expérience directe de l’espace concret. Cette antinomie l’a mené à l’art. L’espace géométrique abstrait est également un mensonge par rapport à la sculpture. Une statue ne revêt son sens que dans l’espace concret. Justement cette antinomie entre la raison et l’intuition, entre l’abstraction et le caractère direct nourrit le discours théorique qui accompagne l’œuvre de Rabinowitch. Il veut mettre à nu les présuppositions de la science occidentale moderne concernant l’espace physique et remettre celles-ci en question. L’homme est un être rythmique, qui fait des mouvements rythmiques lors de chaque action. L’expérience directe de l’espace est personnelle et c’est le résultat de mouvements. Ici notre physique est en jeu. Rabinowitch parle en ces termes de l’œuvre présentée à cette exposition : ‘Comme spectateur on peut subir l’œuvre de deux façons. En marchant dans et autour de la construction, l’image que vous constituez est le résultat d’un enchaînement de perceptions. On fait l’expérience de la profondeur. Le sens de l’œuvre dépendra de la façon de marcher autour. Si on s’arrête pour regarder l’œuvre, elle perd environ tout son sens. On a pourtant l’idée de profondeur, bien qu’on n’en fasse pas directement l’expérience. On ne voit que des fluctuations à l’intérieur d’une surface, suite au souvenir du mouvement. On peut comparer ces deux façons de percevoir la construction à la façon d’écouter une chanson de blues. Si on écoute les notes de départ, on reconnaît la chanson. Si la chanson donne lieu à une danse rythmique, l’expérience acquiert un sens plus profond’ L’œuvre est d’ailleurs basée sur la chanson de blues A Fool in Love d’Ike Turner.