Open rooms

7.Mai.04
21.Aoû.04
USLE River

L’œuvre du peintre espagnol Juan Uslé (°1954, Santander) est des plus éclectiques. Dans ses tableaux abstraits, il combine une méthode de travail longuement mûrie à une peinture intuitive.

Son œuvre a été présentée lors des différentes expositions consacrées ces dernières années au médium ‘peinture’ et a également été exposée au Documenta IX à Kassel. Au cours de sa carrière, l’œuvre de Juan Uslé a traversé différentes phases stylistiques. Cette évolution est néanmoins marquée par deux critères qui restent inchangés : d’une part l’acte même de la peinture, en tant que telle et d’autre part, ce flux continu, la transformation qu’implique spontanément la peinture. Juan Uslé commence à peindre aux environs de 1980. Son style le rattache à l’expressionnisme abstrait. Mais il peint aussi des éléments figuratifs qui évoquent souvent des paysages et qui le situent plutôt dans la tradition romantique. Uslé peint des descriptions éphémères de situations atmosphériques, par couches semi-transparentes, dans des tons saturés, voire impossibles. Mais un peintre de son niveau ne peut que penser, consciemment ou inconsciemment, aux limites d’une telle approche. En 1987, il quitte l’Espagne pour New York, où tout peut être remis en question. Ce déménagement marque d’ailleurs le début d’une aventure au cours de laquelle la peinture cesse d’être un médium transparent avec une vision du monde, pour se commuer en un champ de dialogues. Son approche n’est pas conceptuelle, il n’y a aucun programme qui dirige sa pratique. D’une part il se rend compte de l’inadéquation d’un ancien médium par rapport à une réalité de plus en plus précaire et insaisissable. Par ailleurs, l’acceptation, consciente et formelle des limites de ce médium, peut créer un rituel, un contrat, un réseau d’apparitions, une possibilité de peindre. Sa pratique se veut constructive, elle naît de l’acte de peindre et ses constructions, pleines de contradictions subtiles, sont portées et maintenues ensemble par une impulsion humaine. Uslé adore travailler avec des contradictions : gros et maigre, solide et fragile, rapide et lent, brillant et mat. Reposant sur une réalité observée jusqu’à l’obsession, ses peintures relient différentes sortes d’abstractions entre elles. Son articulation est relativement précise, elle aide le spectateur à se frayer un chemin dans l’espace labyrinthique de la toile, tout en laissant des ouvertures. Par le biais d’une grande maîtrise du langage formel et un lien quasi psychique avec la couleur, le peintre vous invite à regarder. C’est ainsi qu’Uslé introduit la notion de ‘durée’ dans son œuvre et qu’il contre l’immédiateté promue par les médias qui intensifient le présent. Pour l’exposition ‘Open Rooms’ l’accent a été mis sur les peintures des années ’90 jusqu’aux plus récentes.

L’exposition comporte une cinquantaine de peintures qui sont regroupées en six catégories ouvertes. La grande salle centrale à l’étage accueille douze oeuvres verticales de la série ‘Soñé que Revelabas’. Ces grandes toiles noires s’articulent selon un fin schéma linéaire horizontal et parallèle. Toute tentative de parvenir à quelque représentation se trouve d’emblée rejetée. Les espaces profonds, tout en transparences, semblent pouvoir se lire comme des textes. Des petits accents de couleur contribuent à créer des tensions spatiales. Les peintures de ‘Gramática urbana’ se basent sur des structures horizontales et verticales, qui évoquent, d’une part, des formes architecturales et d’autre part, les mouvements de formes et de lumière. Souvent sous forme d’un motif composé de traits parallèles, elles comportent une confrontation de couleurs et d’éléments formels hétéroclites. Les compositions ressemblent parfois à un écho de la grande ville. Elles nous offrent des images statiques de mouvements. La série ‘Rizoma’ comporte des compositions plus complexes encore avec une stratification de lignes et de couleurs. Les toiles se veulent des espaces rythmiques, dynamiques qui mettent notre ressenti à l’épreuve. D’une certaine manière, les oeuvres ’Eolo (El otro orden)’ peuvent être considérées comme exceptionnelles, elles présentent des teintes claires, beaucoup de blanc, la composition est plus ‘simple’ avec des éléments formels sur un fond uniforme, dénué de perspective. Certaines de ces œuvres ne sont pas sans évoquer l’influence d'autres peintres espagnols tels Juan Miró. Les catégories créées par Uslé et dans lesquelles il regroupe son œuvre, sont basées sur la forme. Par ailleurs, il y en a une, les ‘Célibataires’ dans laquelle il classe des toiles qui n’ont aucun lien entre elles. Ces ‘Célibataires’ peuvent être considérées comme des exercices de style hétéroclites, la plupart dans un format identique. A travers l’éclectisme de son œuvre, Uslé parle de l’histoire et des possibilités de la peinture. Dans la plupart de ses œuvres, on décèle non seulement une image abstraite, une représentation réaliste mais encore, un espace virtuel.

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