The fading of colours

23.Mai.03
28.Juin.03
Lan 01

L’œuvre de l’artiste Patrick Guns ne peut être rassemblée sous un seul dénominateur commun. Dans son œuvre, Guns joue avec différents niveaux de sens, avec la forme et le contenu, et laisse au spectateur le soin d’établir de multiples associations.

L’œuvre de l’artiste Patrick Guns ne peut être rassemblée sous un seul dénominateur commun. Dans son œuvre, Guns joue avec différents niveaux de sens, avec la forme et le contenu, et laisse au spectateur le soin d’établir de multiples associations. Il part toujours d‘une idée ou d’un projet particulier et y soumet la forme ou le média qu’il utilisera par après. Guns réalise aussi bien des sculptures, des photos et des dessins que des films, et conçoit tant des œuvres plutôt intimes que des installations spécifiques à un lieu. L’artiste a déjà exposé à différents endroits en Europe, notamment dans le cadre de ‘Ici et maintenant’ (2001) pour Tour & Taxis à Bruxelles, de ‘Schwartz-Weiss’ à MARTA Her--ford et au Kunsthalle de Budapest, ou de ‘Trahison des images’ à la précédente Biennale de Venise. La présentation ‘The fading of colours’ au S.M.A.K. consiste d’une part en une série de grands dessins, et d’autre part en une sculpture blanche figurative. Le point de départ est dans les deux cas l’icône du Bic : un petit personnage constitué essentiellement d’une grande tête abstraite et sphérique. Avec ses dessins, Guns commente la présence et l’absence de couleur dans les illustrations. Sous l’effet des rayons UV et de la lumière, le colorant de l’encre chimique d’un bic s’estompe avec le temps. Le bleu s’atténue, est éphémère, temporaire ou relatif – ce qui pose aussi question quant à la conservation de l’art actuel. A travers les différents tableaux montrés dans les dessins, l’icône du bic prend vie d’une façon anecdotique. En parallèle, l’artiste illustre la mort future du petit bonhomme, et du même coup la mort d’un média (le bic). La donnée de la disparition du bleu de l’encre est liée à la mort d’une personne réelle. La combinaison entre statue et dessins peut être considérée à fois comme poétique, narrative et conceptuelle. L’utilisation du bic bleu par Guns fait coïncider le média et le concept. Le thème de la ‘disparition’ est illustré de manière très théâtrale dans les dessins. Le meilleur exemple en est l’œuvre où la petite icône du bic tente de se suicider: ‘The Left Handed Suicide Attempt’ et ‘The Right Handed Suicide Attempt’.

La présence de la sculpture ‘suspendue’ dans l’espace réel d’exposition renforce cette tension émotionnelle. D’autres dessins ont aussi, tout comme les titres des œuvres, des liens très clairs avec une iconographie religieuse appartenant à l’histoire de l’art. La composition du dessin ‘Deposition’ renvoie à la Descente de Croix de Petrus-Christus, une peinture d’un Primitif Flamand du 15e siècle. Ce dessin peut être considéré comme un exemple type de la réflexion que nous offre l’œuvre de Patrick Guns sur des thèmes comme ‘le traditionnel’, ‘l’actuel’ ou ‘l’originalité’, et sur le rapport entre forme et contenu. L’installation de Guns a quelque chose de théâtral, mais aussi d’humoristique. D’une certaine manière, le dessin au bic bleu est un clin d’œil aux dessins de Jan Fabre. Toutefois, cette vague correspondance n’est que formelle, car du point de vue du contenu, les deux œuvres sont totalement différentes. L’œuvre de Guns parle plutôt de la perte de quelque chose d’insaisissable, de la naïveté. L’icône simple renvoie aux logos, aux gadgets et au marketing dans notre société, à ‘l’anthropomorphisation’ des produits et des objets. L’icône sphérique est immédiatement reconnaissable et accessible, mais est également irréelle et surréaliste. La série peut aussi être interprétée comme la perte ou la mort de l’enfantin. En même temps, la thématique ne peut faire que sourire le spectateur.

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