An Arbitrary History

28.Mar.03
31.Mai.03
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En filigrane de chacune des œuvres éclectiques de l’artiste chinois Cai Guo Qiang (°1957) s’inscrit une même quête: quelle est la place de l’être humain dans l’univers naturel et social?

Chaque nouvelle œuvre veut nous en apprendre plus long sur la relation complexe entre l’humanité, la Terre et l’espace. Dans la plupart de ses œuvres, Cai questionne les rapports entre l’homme et la nature/ l’espace d’où il puise sa force et son énergie. Selon lui, ces rapports sont en grande partie le fruit du hasard et relèvent donc de la sphère de l’incontrôlable. En juxtaposant des éléments qui respirent tantôt la violence et tantôt la douceur, il tente de forger un art à la fois universel et intime.

Les projets de Cai parlent d’identité culturelle et nationale, d’échanges interculturels, de spiritualité – surtout orientale – et de la force de la nature, mettant ainsi en évidence l’interaction des différentes cultures d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il nous propose de nouvelles lunettes et une explosion d’énergie pour nous inciter à contempler le passé, le présent et le futur de notre planète sous un autre jour. Ses projets sont émaillés de références à l’histoire, à des endroits spécifiques, à des événements et au patrimoine artistique contemporain. En usant d’un langage métaphorique élégant, il se fait l’artisan d’un monde poétique universel dans lequel il fait cohabiter des éléments totalement décousus, tels que cerfs-volants en papier, jacuzzis, pistes de mini-golf, moteurs de voiture fondus, débris d’épaves et sculptures classiques. Ses événements, performances ou installations complexes, mais minutieusement orchestrés, sont conçus en fonction au site, souvent fugaces et surtout connus des photos et de la documentation destinées à l’immortaliser. Dragon Skeleton / Suture of the wall (9.11.1996) – dessin que Cai a griffonné sur le mur du S.M.A.K. alors que retentissait une brève explosion lors de l’inauguration de l’exposition de Rode Poort – en est un bel exemple. Ce dessin est comme une cicatrice indélébile qui marquera à jamais le mur du bâtiment. Entre ses mains, la poudre explosive n’a pas la moindre connotation négative de violence et destruction. Elle revêt tout simplement sa fonction première : communiquer. L’artiste s’intéresse tout autant à l’aspect constructif que destructif de la poudre. Dans ce contexte, il fait allusion au Big Bang ou à la Genèse où l’humanité et le cosmos ont brièvement fusionné dans un innommable chaos.

Cai Guo-Qiang est invité à prendre part à nombre d’expositions et projets internationaux. L’œuvre qu’il réalisa pour la Biennale de Venise 1999 lui valut de remporter le Lion d’Or. L’été dernier, il concocta également un spectacle (feu d’artifice, son et fumée) pour l’inauguration du MOMA au Queens à New York. L’exposition "An Arbitrary History" Cette exposition tient de la rétrospective, dans ce sens qu’elle présente de façon récapitulative les œuvres que Cai a réalisées ces dernières années, mais créera également la surprise de par le concept novateur et l’installation exclusive dans laquelle l’artiste les a intégrées. Pour les besoins de cette exposition, le musée sera partiellement transformé en parc d’attractions ou funhouse. Cette installation est conçue en deux parties. La première – Arbitrary History : River – se fraie un chemin à travers le musée sur un lit de bambou. Cai y invite le visiteur à prendre place dans une embarcation qui descend la rivière et d’où il peut admirer les œuvres accrochées aux cimaises des différentes salles du musée. Cette approche n’est pas sans rappeler le parc Efteling ou de Bellewaerde où les visiteurs ont droit à une sorte de visite guidée du parc en bateau. La seconde – Arbirtrary History : Rollercoaster – consiste en une structure métallique avec des wagonnets dans lesquels les spectateurs peuvent prendre place : une variante simplifiée de la montagne russe que l’on trouve à la foire ou dans les parcs d’attractions. Au-dessus du parcours sera tendue une énorme toile sur laquelle figureront des reproductions d’ « icônes » de l’histoire de l’art Belge. Ces wagonnets et embarcations sont l’unique façon d’accéder à cet univers étrange créé de toutes pièces par l’artiste. Tout ce qu’il a à voir défile comme sur un écran autour de nous et au-dessus de nous. En déconstruisant l’espace muséal traditionnel, Cai nous incite à porter sur l’art un regard moins passif.

Il nous oblige à regarder en l’air, où nous découvrons des poissons dans un aquarium géant, une cage monumentale pleines d’oiseaux, des lampions rouges, des corps d’hommes et de femmes, des bâtonnets d’armoise incandescents et d’autres œuvres d’art. L’Arbitrary History : River nous entraîne dans un cabinet de curiosités – une collection d’objets d’Extrême-Orient – dans lequel l’artiste nous confine brièvement… avec notre accord. Autrement dit, il exhorte le spectateur occidental à entreprendre un voyage initiatique dans son univers à lui. En plus de River et Rollercoaster, le S.M.A.K. exposera dans son hall d’entrée deux sculptures monumentales, dont un gigantesque bateau renversé et transpercé d’innombrables rames et lances. Cette embarcation s’inspire des bâtiments de guerre romains et déploie ses ailes à l’image d’un aigle. Dans cette sculpture baptisée The Eagle has arrived, l’artiste a planté un drapeau européen qui donne la réplique à un éventail. Cette exposition réunira 35 œuvres de Cai Guo-Qiang. Lors de la cérémonie d’ouverture, Cai mettra feu à un portrait de Jan Hoet dessiné avec des traînées de poudre sur le mur au-dessus du comptoir de l’établissement – traînées de poudre dont les traces constitueront un hommage indélébile au directeur de notre musée.

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