Asim Abu Shakra est l'un des rares artistes palestiniens à avoir été accepté dans le canon du monde de l'art israélien. En 1981, Asim Abu Shakra s’installe à Tel Aviv, où il étudie la peinture au sein de l'Académie des arts Kalisher. À l'époque, il n'était pas facile pour un artiste palestinien de vivre et d'étudier dans une ville israélienne. Ainsi, Asim Abu Shakra a vécu pratiquement deux ans dans un sac de couchage déployé dans l'atelier de peinture de l'école où régnait une odeur de térébenthine.
La vie et les œuvres d’Asim Abu Shakra sont baignées par le conflit entre ses identités arabe et israélienne. La figure du cactus est au cœur de son langage visuel, et reflète l'une des histoires personnelles de sa vie à Tel Aviv, comme, par exemple, ce jour où il a vu un cactus en pot posé sur le rebord d'une fenêtre. La plante avait été arrachée à son milieu naturel, la nature sauvage, puis placée dans un pot sur le rebord de la fenêtre, tout comme lui, un Palestinien vivant dans la capitale israélienne. Les sentiments d'aliénation et de non-appartenance exprimés dans l'œuvre d'Asim Abu Shakra sont familiers à de nombreux Palestiniens exilés ou déplacés à l'intérieur de leur propre pays. La plante épineuse est ainsi devenue un symbole populaire de l'identité palestinienne, car elle est connue pour sa ténacité et ses racines profondes.
La résilience du cactus a été particulièrement cruciale pour Asim Abu Shakra au cours des dernières années de sa vie. Atteint d'un cancer en 1987, il a dépeint sa détermination à survivre sous la forme de la plante piquante et robuste. Asim Abu Shakra est décédé à l'âge de 29 ans, ce qui ne l'a pas empêché de mener une carrière prolifique en tant qu'artiste.
Après avoir obtenu son diplôme en 1986, la Rap Gallery de Tel Aviv a accueilli sa première exposition solo. Avant son décès, Asim Abu Shakra avait organisé trois autres expositions personnelles, et participé à quatre expositions collectives. Quatre ans après sa mort, une exposition rétrospective complète de son œuvre a été présentée au Pavillon Helena Rubinstein du musée de Tel Aviv.