Lorsque Cady Noland voit le jour, son père, l’artiste Kenneth Noland, est un des principaux représentants du Colorfield Painting, une des réactions artistiques à l’expressionnisme abstrait, qui est considéré dans l’histoire de l’art occidental comme le tout premier courant artistique américain après une longue domination européenne. L’économie américaine d’après-guerre est florissante et les États-Unis considèrent l’avenir avec optimisme. Mais il y a aussi la guerre du Viêtnam et les émeutes réprimées en 1968.
Dans son art, Cady Noland dénonce dès lors sans compromis le revers du rêve américain de liberté, de sécurité et de réussite pour tous. Sa thèse sur la psychopathologie de la culture américaine l’amène en 1987 à écrire l’essai « Towards a Metalanguage of Evil » (Vers un métalangage du mal). C’est une critique au vitriol de l’ambivalence de la société américaine, où des êtres humains profitent d’autres êtres humains qui ne peuvent pas se soustraire à ce que Noland appelle cyniquement le « méta-jeu ». Ceci devient un des thèmes centraux de son art.
Le drapeau américain apparaît souvent dans ses œuvres, quoique rarement avec dignité. Plus tard, elle adopte le vocabulaire résolument sculptural des ready-mades de récupération pour continuer d’aborder des thèmes comme la violence, les mécanismes de contrôle, la limitation de l’espace (clôtures) et la contrainte physique (menottes, etc.). Après 1992, la productivité de Noland décroît et, à la fin des années 90, elle se retire du monde de l’art, déçue et mécontente de ce qui s’y passe.