Christian Boltanski



lieu et année de naissance: 1944, Paris, France date de décès: 2021 , Paris, France

Christian Boltanski est un sculpteur, photographe, peintre et cinéaste français qui occupe une place à part dans l’art de la fin des années 60 jusqu’à nos jours. Il quitte l’école à douze ans pour apprendre à peindre en autodidacte. Les débuts de son parcours artistique sont capricieux et se déroulent totalement à l’écart des turbulences politiques et artistiques de son époque. Sa première exposition, en mai 68, dans un cinéma d’art et essai situé dans un des seuls arrondissements parisiens à avoir été épargné par les manifestations et les émeutes de ce mois historiquement crucial, n’attire presque aucun visiteur. Avec le film « La Vie impossible de Christian Boltanski », qui critiquait l’impossibilité pour les artistes de se profiler dans la métropole, il fait un statement qui l’oblige à opérer pendant des années en marge de l’avant-garde parisienne. Se rassemble alors assez rapidement autour de lui un groupe fluctuant d’artistes qui choisissent délibérément cette position. Ils mènent des actions semi-clandestines, infiltrent les journaux, exposent dans des endroits abandonnés et envoient de l’ « art postal ».

Cette mentalité de guérilla est indissociable de la quête d’identité artistique menée par Boltanski. C’est dans ce contexte qu’il réalise ses premiers « carnets », des collections d’objets personnels et de photos où il essaie d’en finir avec ce qu’il appelle « l’absence de souvenir d’enfance ». Ce sont les premières étapes de la création de souvenir à l’aide de « preuves réelles et fictives ». Boltanski associe très tôt sa fascination pour le souvenir à son intérêt pour les méthodes de classification qu’on utilise notamment dans les musées d’histoire naturelle. Pour lui, les musées sont liés à l’idée de la mort, parce qu’ils présentent des objets de manière telle qu’ils semblent ne plus vivre, mais deviennent profondément mélancoliques. À partir des années 70, presque toute l’œuvre de Boltanski parle d’accumulation et de recyclage : il rassemble, structure et expose des vies et des souvenirs « contre l’oubli ». Il se dégage une atmosphère clairement religieuse du classement méticuleux que l’artiste fait des souvenirs personnels d’autrui.

Au milieu des années 80, l’œuvre de Boltanski se fait plus monumentale et il joue sur des clairs-obscurs théâtraux. Un peu plus tard, il utilise, outre des photos, des objets trouvés chargés de sens comme des boîtes de conserve rouillées et des vêtements usagés. En raison de ses origines juives, ses odes figées au souvenir sont souvent interprétées comme une critique de l’Holocauste et un hommage aux victimes de celui-ci. Il n’a jamais réfuté cette interprétation, même s’il a toujours insisté sur le fait que ce qui lui importait avant tout, c’était l’étude des mécanismes universels du souvenir. Boltanski est à ce jour un des rares « Spurensicherer » (chercheurs de traces), des artistes qui recherchent des « preuves » et les mettent à l’abri. Cela fait de lui un des artistes français les plus importants dans le domaine de l’installation.

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