Corneille est un pseudonyme pour Guillaume Van Beverloo. Avec Karel Appel, Constant, Theo Wolvecamp et Anton Rooskens, entre autres, il fut l'un des pionniers du mouvement CoBrA (1948-'51). CoBrA (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) se compose d'un groupe informel d'artistes danois, belges et néerlandais. Il incluait également Pierre Alechinsky, Asger Jorn et Christian Dotremont. Le mouvement s'opposait à la tendance de l'abstraction froide et géométrique en Europe et, en partie inspiré par l'expressionnisme abstrait américain, essayait d'unir l'abstraction à la figuration. Les artistes de CoBrA visaient une expression libre et spontanée, cherchant à revenir aux origines de la création. Ils s'inspirèrent de dessins d'enfants et de malades mentaux et se laissèrent guider par leur main de peintre, qu'ils considéraient comme l'outil de création le plus spontané et le plus individuel. Par leurs méthodes de travail souvent sauvages et intuitives, et influencés par les idées de Karl Marx, les artistes de CoBrA ont voulu créer un art qui puisse non seulement être réalisé pour tous, mais aussi par tous. Indépendamment du rang ou du statut, et uniquement sur base du besoin naturel de s'exprimer.
Corneille est né à Liège de parents néerlandais. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il suivit des cours à la Rijksacademie voor Beeldende Kunst d'Amsterdam, où il y fit la connaissance de Karel Appel. De nature nerveuse, Corneille devint rapidement obsédé par la peinture. Peu après la guerre, il se rendit plusieurs fois à Paris avec Appel. Là, les œuvres de Picasso, Paul Klee, Jean Dubuffet et Juan Miró l'encouragèrent à se laisser aller à l'expérimentation et à l'imagination. À Amsterdam, Corneille rejoignit donc rapidement ces artistes qui défendaient le pouvoir émotif de l'imagination libre. Ainsi, il assista à la fondation de l'"Experimentele Groep Holland", dont le manifeste traçait les grandes lignes de ce qui deviendrait bientôt CoBrA. À cette époque, Corneille peignit des figures humaines enfantines à coups de pinceau grossiers et aux couleurs vives dans le style (tardif) de Picasso, tout en intégrant des influences de Miró, Klee et Dubuffet. En 1950, Corneille déménagea sur Paris. L'individu disparu peu à peu de ses toiles. L'artiste voyagea beaucoup, principalement en Afrique du Nord. Les impressions qu'il en retira changèrent radicalement son style. Sa fascination pour l'architecture locale austère renforça l'abstraction et le cubisme de son œuvre. De '52 à '57 et influencé par les paysages arides du désert, son style devint plus organique et gestuel. Vers '60, l'œuvre de Corneille subit une austérité marquée: les formes abstraites et organiques devinrent plus systématiques, telles des entités indépendantes dans des compositions qui, elles aussi, furent plus organisées.
Corneille permit aux influences de voyage des plus variées - de l'art nomade du Sahara aux impressions de métropoles comme New York, en passant par de charmantes scènes de nature abstraites - de se mélanger sans hiérarchie. À partir de la seconde moitié des années 1960, ses peintures devinrent de plus en plus figuratives. Les formes organiques abstraites d'autrefois firent place à des créatures reconnaissables. Dans les années '70 et '80, cette évolution aboutira lentement aux œuvres les plus connues de Corneille, où figurent des corps féminins, des fleurs et des oiseaux dans des coloris variés.
Bien que Corneille était principalement connu comme un artiste CoBrA, il était très éclectique. Au cours de sa longue carrière, il n'a jamais hésité à changer radicalement de style et d'image selon ses envies. Il est ainsi resté l'un des défenseurs les plus cohérents de l'idéologie CoBrA, qui préconise une liberté d'imagination et d'expression débridée et sans compromis.
