Hans-Peter Feldmann



lieu et année de naissance: 1941, Düsseldorf, Allemagne résidence: Düsseldorf, Allemagne

Hans-Peter Feldmann est reconnu pour sa contribution fondamentale à l’art (post)conceptuel. Des artistes-photographes plus jeunes comme Wolfgang Tillmans et Thomas Demand ont été influencés par lui. Personnellement, il préfère ne pas être décrit comme un artiste. À travers ce qu’il fait, il veut dissocier l’art du génie de l’artiste. Feldmann foule dès lors systématiquement les conventions aux pieds : il refuse par exemple de signer et dater ses œuvres et d’en numéroter les tirages.

Dans l’Allemagne d’après-guerre où Feldmann grandit, les images sont rares. Enfant, il tombe sous le charme des images sur les timbres-poste et dans les livres, images qu’il découpe pour les coller dans d’autres livres. La rareté des images le pousse à collectionner surtout des images photographiques. Dans les années 50, Feldmann est refusé à l’académie de Düsseldorf. Il fait des études de chimie mais suit plus tard une formation artistique en Autriche. Le professorat de Joseph Beuys à Düsseldorf et le fait que la ville est à cette époque un des foyers de développement de l’art actuel n’empêchent pas Feldmann de quitter Düsseldorf.

Feldmann se concentre surtout sur la photographie. Dans l’intervalle, le pop’art et sa variante allemande, le « réalisme capitaliste », ont appris au public à accepter les images des médias populaires comme sujet et matière de l’art. Entre 1968 et 1975, Feldmann publie à compte d’auteur des cahiers agrafés, assemblés à peu de frais sans que les tirages soient mentionnés. Il y regroupe par thème, sans indication de provenance, des photos qu’il a lui-même faites ou qu’il a trouvées. Il plaide ainsi implicitement pour la parfaite égalité de valeur entre les images. Feldmann compose par ailleurs des séries de photos : 70 photos de tous les vêtements de la garde-robe d’une femme anonyme, ou encore des images d’évènements banals comme la progression d’un bateau sur l’eau. Il montre concrètement et objectivement ce qui lui tombe sous les yeux. À nous d’y trouver un sens.

En 1975, Feldmann ouvre une boutique d’antiquités à Düsseldorf. Cinq ans plus tard, il se retire complètement du monde de l’art. L’ « art » qu’il possède encore, il le détruit ou il s’en débarrasse. Il voit dans son magasin une excellente occasion de ne pas devoir vivre de son art. En 1989, Kaspar König Feldmann retourne vers le monde de l’art. Aujourd’hui, sa boutique, devenue l’installation « Laden 1975-2015 », est exposée à Munich aux côtés d’installations de Joseph Beuys, Ilya Kabakov et Anna Oppermann. Feldmann a été (re)découvert en tant qu’artiste appropriationniste avant la lettre.

À la fin des années 90, Feldmann publie « Die Toten 1967-1993 », une compilation froide et sans commentaire de portraits parus dans les médias des victimes et auteurs décédés des violences perpétrées par la Fraction Armée rouge contre l’Allemagne de l’Ouest. En 2008, il présente plus de cent unes de journaux internationaux parus le 12 septembre 2001, le lendemain des attentats de New York. En 2010, Feldmann remporte le prestigieux Hugo Boss Prize, avec à la clé 100.000 $ et une exposition au Guggenheim de New York, dont il couvre les murs de 100.000 billets d’un dollar.

Feldmann répertorie, collectionne, classe et montre. Rien de plus. En outre, il ne se limite pas à des images photographiques. Il s’approprie aussi des tableaux d’autrui. Dans le sillage de Marcel Duchamp, qui a doté la « Mona Lisa » d’une moustache, il achète des tableaux en vente publique, en ôte la signature et y ajoute des interventions humoristiques. Il peint par exemple en rose des copies en plâtre du « David » de Michel-Ange et leur met du vernis rouge sur les ongles. Feldmann retire l’œuvre d’art de son socle et la met sur un pied d’égalité avec l’artisanat et le kitsch.

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