Karel Appel était l'un des pionniers néerlandais de CoBrA (1948-51). Ce mouvement se composait d'un groupe d'artistes du Danemark, de Belgique et des Pays-Bas, dont Pierre Alechinsky, Asger Jorn et Christian Dotremont. CoBrA s'opposait à la tendance de l'abstraction froide et géométrique en Europe et, s'inspirant en partie de l'expressionnisme abstrait américain, voulait unir l'abstraction et la figuration. Les artistes de CoBrA travaillaient librement et spontanément, à partir de leur personnalité individuelle. Ils étaient à la recherche de la source authentique de la création et trouvaient leur inspiration dans les dessins et les peintures d'enfants et de malades mentaux, entre autres. Avec leur méthode de travail intuitive, souvent sauvage et gestuelle, et influencée par les idées de Karl Marx, CoBrA voulait créer un art qui puisse être fait, non seulement pour tout le monde, mais aussi par tout le monde, indépendamment du rang et du statut, en se basant sur le besoin naturel de l'homme de s'exprimer.
En pleine période de guerre, Appel a suivi un cours traditionnel de peinture à Amsterdam. Peu après la guerre, il a fortement subi l'influence de Picasso, Matisse et Dubuffet, qu'il appréciait pour son style pseudo-figuratif dans le cas du premier, pour son utilisation de couleurs vives pour le deuxième et pour la texture brute et épaisse de la peinture pour le dernier. Vers 1947-48, Appel s’est éloigné de ces formes d'art expressionniste d'avant-guerre. Il en est venu à des formes plus anguleuses et colorées, transformant les figures humaines et animales en créatures primitives et en monstruosités. À l'époque de CoBrA, il a également été fortement influencé par l'avant-garde danoise et l'art populaire primitif, ce qui l'a aidé à évoluer vers un langage formel sauvage, impulsif et chargé d'émotions. En 1954, Appel a fait sa percée internationale définitive avec des expositions à Paris, New York et ailleurs. Ce n'est qu'en 1968, au Stedelijk d'Amsterdam, qu'il obtient son premier solo aux Pays-Bas.
Appel a produit énormément et, à la fin des années 1950, il a pleinement développé son style de peinture personnel, typiquement gesticulatoire et sauvage, à la peinture épaisse. Il a cependant continué à expérimenter les relations entre la figuration et l'abstraction. La peinture impulsive, enfantine et irréfléchie d'Appel a été déterminante pour de nombreuses générations de peintres, comme les Neue Wilden et les néo-expressionnistes des années 1970 et 1980. Aujourd'hui encore, il reste l'une des figures les plus importantes de la peinture moderne et contemporaine.