L’artiste néerlandaise Manon de Boer réalise principalement des portraits filmés dans lesquels elle analyse le sens de l’identité. La mémoire et l’expérience de la langue, du temps et de l’espace jouent un rôle important dans ces portraits. Dans chacun de ses films, elle explore en outre le média proprement dit, n’ayant de cesse de rompre la hiérarchie traditionnelle entre image et son.
Elle réalise ses premiers portraits en noir et blanc d’amis et de connaissances qui s’absorbent dans des activités telles que jouer de la guitare. Ceci débouche sur une installation dans laquelle de Boer présente côte à côte trois courts métrages dans lesquels elle filme à quelque cinq ans d’intervalle chaque fois la même femme en train de lire.
Ses recherches sur le fonctionnement de la mémoire se traduisent notamment par des portraits cinématographiques où des amis parlent d’un évènement marquant pour eux. Par la suite, elle filme à nouveau le visage de ces amis en train d’écouter leur propre récit. De Boer enregistre le moment où ils font appel à leur mémoire, sachant combien la mémoire peut être trompeuse.
Le fil rouge de ses œuvres ultérieures est la fascination de De Boer pour la façon dont les gens sont présents dans l’espace et dont ils l’incarnent avec leur corps et leur voix. Par rapport aux portraits plus anciens, où la caméra était centrée sur le performeur, elle laisse ici la personne dont elle fait le portrait hors champ et s’imprègne lentement de l’environnement.
