Meschac Gaba



lieu et date de naissance: 1961, Cotonou (Bénin) résidence: vit et travaille à Cotonou (Bénin) & Rotterdam (Pays-Bas)

Meschac Gaba est né dans la plus grande ville de l'ancienne République du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), un an après l'indépendance de cette ancienne colonie française. Il fait partie d'une génération d'artistes africains qui se penchent sur la création d'une identité post-coloniale. Par une approche alliant artisanat traditionnel et esthétique européenne, Gaba dépeint l'histoire de l'Afrique, marquée par l'oppression et l'exploitation, ainsi que les difficultés politiques et économiques actuelles, et explore les échanges entre son continent et l'Occident. Il cherche à comprendre comment se construit l'identité culturelle, comment fonctionnent les réseaux commerciaux, comment la valeur se crée et se perd, comment l'art africain est perçu et quel rôle les musées, les artistes et leur public peuvent jouer dans ce contexte. De manière critique mais également humoristique, Gaba joue avec les codes et les formes d'expression politiques, artistiques et personnelles.

Lors de sa résidence à l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam en 1997, Gaba développe la première étape de ce qui deviendra son ambitieux ‘Musée d'Art Contemporain Africain’ (1997-2002). Lors de ses visites dans des musées européens, il dit voir une "réalité différente" dans laquelle il ne peut imaginer une place pour ses œuvres ou celles d'autres artistes africains. Il crée alors un musée conceptuel composé de 12 salles interactives et nomades. Cela bouscule le monde de l'art occidental et vise non seulement à mettre en avant l'art contemporain africain, mais aussi à analyser les raisons pour lesquelles il existe un fossé entre les deux mondes. Les salles de Gaba font place à de nouveaux types d'espaces de convivialité, d'étude et de jeu, où la vie et l'art se confondent. Ce musée surréaliste, parfois loufoque et souvent ludique, est à la fois une autobiographie, un roman et une protestation.

La première salle du musée se nomme la ‘Salle des brouillons’, une collection comprenant notamment des cuisses de poulet en céramique - une réflexion sur la surproduction alimentaire en Europe - et des billets de banque dévalués. L'argent en tant que moyen de pouvoir est un motif récurrent dans la pratique de Gaba. Puis, une à une, de nouvelles salles apparaissent dans des musées internationaux. Certaines ressemblent aux espaces typiques de musées occidentaux, comme la ‘Bibliothèque’, avec des histoires de l'enfance de Gaba, des livres offerts par des institutions artistiques, de vieux ordinateurs alimentés par des vélos, et un cercueil avec la voix d'un conteur, en référence au proverbe africain selon lequel "un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle". Gaba conçoit également une ‘Boutique du Musée’, pour laquelle des artistes amis créent des objets tels que des gadgets fabriqués à partir de billets de banque du Bénin. Gaba combine des espaces de musées typiques avec, par exemple, la ‘Salle d'Art et de Religion’, où il évoque la fusion séculaire de l'art et de la religion à travers les cultures, ainsi que le polythéisme au Bénin, où une maison peut contenir à la fois une statuette du Christ et des objets vaudous. En 2000, Gaba épouse la conservatrice néerlandaise Alexandra van Dongen au Stedelijk Museum d'Amsterdam. Des photos de la cérémonie, le certificat de mariage, la robe de mariée, le livre d'or et les cadeaux se trouvent dans la ‘Salle du Mariage’.

Dans l'esprit de son ‘Musée’, Gaba développe également des œuvres individuelles. Par exemple, ‘Sweetness’ (2006) est un modèle de ville imaginaire en cubes de sucre, qui réunit des bâtiments connus du monde entier en une ville utopique, globale mais néanmoins extrêmement fragile. Ce type d'œuvre reflète la préoccupation de Gaba pour l'héritage de l'esclavage et de la diaspora, ainsi que sa fascination pour l'architecture et les échanges interculturels.


Oeuvres Meschac Gaba


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