Niele Toroni



lieu et année de naissance: 1937, Muralto, Suisse résidence: Paris, France

Niele Toroni a grandi en Suisse et s'est installée à Paris en ’59. Il y développe un concept visuel qu'il continue d'appliquer de manière inaltérée, ce qui rend son travail terriblement reconnaissable. Toroni explique invariablement son idée de manière littérale dans le seul titre qu'il trouve pertinent pour ses œuvres: ‘Empreintes de pinceau n° 50 répétées à intervalles réguliers de 30 cm’.

Son travail consiste en des traits soigneusement placés et répétitifs d'un pinceau plat de 50 mm de large dans un motif régulier espacé d'exactement 30 cm. Pour positionner les traits de peinture, Toroni trace des croix au crayon à l’aide d’un compas. Chaque trait est le résultat d'une action manuelle, unique en soi à chaque fois, mais devient partie intégrale d'une image globale, d'un motif. Les seules variables sont la couleur et le support. Toroni utilise différentes couleurs, non mélangées, telles qu'elles furent fabriquées. Il se limite toutefois à une couleur par œuvre. Pourtant, le résultat est différent à chaque fois, car le support et le contexte spatial changent. Il applique donc ses peintures sur des supports tels que la toile, le papier, le mur ou le sol, les plaques émaillées, les journaux, comme des journaux intimes ou même un plan de métro ou des affiches.

La méthode rigoureusement sérielle de Toroni fait de son travail une activité presque machinale et aboutit à un formalisme insouciant. De manière systématique, il se considère donc comme un peintre - au sens de celui qui applique de la peinture sur une surface - plutôt que comme un artiste. Ses œuvres n'ont pas de contenu narratif mais font simplement référence à l’oeuvre elle-même, au coup de pinceau, à l'espace et à l'architecture du lieu où elles sont exposées. À partir de mi-1960, Toroni participe à de nombreuses expositions internationales et réalise de nombreuses œuvres in situ. En ’67, il prête son nom à l'initiative d'artistes B.M.P.T., les lettres faisant référence à Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni. Les peintres se mobilisent par des actions publiques et des manifestes contre l'art et le monde de l’art, alors perçus comme bourgeois, et préconisent un art impersonnel. Buren peint des rayures verticales, Parmentier des horizontales, Mosset des cercles et Toroni des coups de pinceau. Contrairement à Buren, qui manipule l'espace à sa guise, Toroni ne vise pas le changement. Il utilise l'espace tel qu'il est, sans tenir compte de ses connotations architecturales ou sociales.

L'œuvre de Toroni s'inscrit dans la tendance observée à partir des années 1950, où de nombreux artistes recherchent un art plus objectif avec une réduction toujours plus grande des moyens visuels, en réaction à l'art émotif des mouvements expressionnistes. Il s'agit d'une démarche moderniste qui cherche à exposer l'essence d'une œuvre d'art et ce qui en fait un art. La critique de ce qui a précédé a quelque chose de destructeur: toute forme ou couleur superflue est supprimée. Toroni pousse à l'extrême la question de l'essence de la peinture. Son œuvre semble être un résumé de tous les dogmes modernistes de la planéité et de la pureté: l'essence d'un trait de peinture sur un fond.

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