Rineke Dijkstra



lieu et date de naissance: 1959, Sittard (Pays-Bas) résidence: Amsterdam (Pays-Bas)

Rineke Dijkstra réalise des portraits photo. Par son approche conceptuelle de la photographie documentaire, elle s'inscrit dans une tradition internationale qui va d'August Sander (1876-1964) à Diane Arbus (1923-'71) en passant par des contemporains comme Thomas Ruff (1958) et Koos Breukel (1962). Dijkstra et ses contemporains ont pour particularité de partir de l'observation directe de la réalité tout en créant une distance visuelle en s'imposant des règles strictes en matière d'images et de contenu.

Après ses études à l'Académie Gerrit Rietveld d'Amsterdam, Dijkstra passe sept ans à faire de la photo pour des magazines de mode tels que 'Elle' et 'Elegance'. Un grave accident en 1990 l'amène à photographier différemment. 'Zelfportret, Marnixbad, Amsterdam' (1991) fut prise lors de sa rééducation à la suite d'une fracture de hanche. Avec la photo, elle s'éloigne du carcan des poses qui lui sont familières dans le cadre de ses travaux de commande. Avec ‘Strandportretten' (1992-2002), qui témoigne de sa recherche d'une manière authentique de représenter les gens, elle perce à l'échelle internationale. Elle dresse le portrait de jeunes gens sur des plages dans des pays tels que les Pays-Bas, la Pologne et la Belgique. Ce faisant, elle ne donne que peu d'instructions et guette le moment où la pose se forme ou bien où l'hésitation et l'incertitude deviennent visibles. Les personnes représentées se tiennent face à la mer, un espace ouvert qui n'a d'autre limite que celle du cadre. Ce sont des images dépourvues de glamour qui nous confrontent à une solitude existentielle.

D'autres séries révèlent clairement que Dijkstra explore les limites de l'intensité émotionnelle photographiable. Dans 'Nieuwe moeders' (1994), elle montre des femmes avec leur enfant dans les bras juste après l'accouchement. Il s'agit d'images monumentales qui révèlent des traces de douleur et de lutte, mais aussi de victoire. Les 'Stierenvechters' de Dijkstra (1994-2000), dont elle saisit le visage et le haut du corps juste après la corrida, sont du même ordre. Les images de Dijkstra sont tranchantes, ne cachent rien et ont quelque chose d'impitoyable. Pourtant, les personnes représentées ne deviennent jamais tragiques ou objets de voyeurisme. Dijkstra établit des liens sincères avec les modèles qu'elle choisit intuitivement. Elle souligne que chaque individu est différent et se concentre sur les petits détails: un regard perçant, un geste, une posture. C'est ce qui crée l'intimité dans ses portraits monumentaux.

Dijkstra réalise ensuite des séries sur une jeune fille bosniaque émigrée qu'elle rencontra dans un centre d'asile à Leiden et qu'elle suivit pendant des années, 'Almerisa' (1994-2008), sur des 'soldats israéliens'(1999-2003) et sur des groupes de jeunes dans des parcs, 'Parks' (1998-2006). À partir de 1996, Dijkstra réalise également des portraits vidéo, tels que 'Annemiek (I wanna be with you)' (1997), une adolescente néerlandaise qui chante sa chanson préférée, ou 'I See a Woman Crying (Weeping Woman)' (2009), dans lequel des écoliers parlent de l'œuvre d'art 'Weeping Woman'. Dans 'The Gymschool, St Petersburg'(2014), elle filme des ballerines qui prennent des poses inhumaines tout en réprimant leurs émotions. Dijkstra capture sa fascination pour la tension physique se situant à la limite entre la prise de pose et le naturel du sujet.

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