Salam Atta Sabri est l'un des artistes irakiens les plus importants de sa génération. Il a une formation de céramiste, mais réalise également des sculptures, des peintures et des dessins. Il a vécu aux États-Unis pendant seize ans. Durant cette période, il a étudié à la California State University de Los Angeles, avant de partir en Jordanie. En 2005, lorsqu'il décide de retourner à Bagdad, sa ville natale, la situation y est particulièrement précaire : des conflits entre milices, une violence extrême, une instabilité politique, la corruption et le chaos. Ne disposant pas du matériel de base pour la céramique, Salam Atta Sabri se met au dessin. Son langage visuel comprend à la fois des éléments modernistes, ainsi que des motifs issus des anciennes civilisations situées entre le Tigre et l'Euphrate.
Le retour de Salam Atta Sabri à Bagdad constitue le fil conducteur des nombreux dessins qu'il a réalisés depuis 2005 ; des œuvres au niveau desquelles il tente de saisir, d'interpréter et d’aborder de manière critique les énormes changements conflictuels, la corruption, la violence incessante et l'instabilité politique dans lesquels son pays est tombé. En raison d'une pénurie de matériel artistique en Irak, il a d'abord conçu ces œuvres à l'aide de crayons empruntés à ses filles. Dès lors, Salam Atta Sabri a littéralement créé des centaines de dessins, servant à la fois d’archives visuelles personnelles et de journal intime des évolutions à Bagdad et en Irak. Les dessins intitulés Lettres à mon père
(2010 - 2019) sont inclus en intégralité dans la publication éponyme, et peuvent être interprétés comme des lettres visuelles accompagnées d’insertions textuelles à un père bien-aimé. Ces dessins nous offrent un aperçu intime d'une conversation à sens unique entre l'artiste et son père ; à la fois biographique et historique, combinant journal intime et correspondance.
Les œuvres de Salam Atta Sabri ont été présentées lors de l’exposition Invisible Beauty, une exposition réalisée comme pavillon de l’Irak lors de la 56e Biennale de Venise.