Depuis la fin des années ’80, Stan Douglas réalise des films sophistiqués, des installations vidéo et des photographies dans lesquels il dépeint des réalités sociales. Avec l'artiste et compatriote Jeff Wall, il partage son intérêt pour les problématiques liées aux immigrés dans l'histoire du cinéma et de la photographie. Douglas aime faire surgir de l'ombre les souvenirs refoulés et les histoires oubliées. Il examine la manière dont l'histoire a été dépeinte et dénonce la nature artificielle et manipulatrice de notre culture visuelle.
Dans son travail, il réunit des personnages de différentes périodes et de différents lieux. Il rompt ainsi avec le cadre historique occidental dominant, caractérisé par une succession linéaire de faits et d'événements, et crée un espace intermédiaire dans lequel il aborde les phénomènes sociaux sous-exposés et les communautés opprimées. Le sujet de l'aliénation est un thème central de son œuvre. Grâce aux nouveaux médias, il expose la désorientation intérieure, les tensions sous-jacentes et les problèmes de communication dans les relations sociales.
Dans ses premiers films, Douglas rompt la linéarité de l'histoire en mélangeant image et son. Il s'efforce de créer une forme narrative ouverte qui peut être librement alimentée. Un deuxième thème important est donc l'impossibilité de reconstituer correctement les faits. La réalité n'est ni simple ni sans ambiguïté. La seule représentation correcte est celle des multiples éventualités. Ainsi, Douglas emprunte du matériel aux romans policiers et d'espionnage, au western hollywoodien et à la littérature classique de Becket et de Kafka, entre autres, afin de donner un contexte à ses reconstructions complexes d'événements historiques.
Dans nombre de ses œuvres, Douglas se consacre aux moments historiques d'incertitude, de transition et d'émancipation. Il creuse dans les sources historiques afin de les réécrire en s'appuyant sur des recherches méticuleuses. Il crée ainsi des récits visuels qui ne peuvent jamais être réduits à une seule perspective globale. Son installation vidéo ‘The Secret Agent’ (2015), basée sur l'histoire d'espionnage du même nom de Joseph Conrad, qui se déroule initialement à la fin du XIXe siècle à Londres, se déroule au Portugal pendant la révolution des Œillets de 1974.
Depuis 2008, la photographie occupe une place importante dans l'œuvre de Douglas. L’artiste réalise de grandes photographies couleur portant sur des sujets historiques, comme les mouvements d'émancipation dans sa ville natale de Vancouver, et de phénomènes culturels, comme la musique disco de l'ancienne colonie portugaise d’Angola. Récemment, il a commencé à explorer de nouveaux territoires avec des productions théâtrales multimédias par lesquelles il combine de manière innovante le théâtre, les arts visuels, les films live-action et les images numériques.