Bien faite, mal faite, pas faite. Projet XX story pour le S.M.A.K. s’attache à représenter l’histoire de l’art de ses fondements à aujourd’hui en soulignant sa spécificité masculine.
Représenter, c’est donner une forme. On peut avoir envie de représenter un paysage comme on peut avoir envie de représenter une question. Dès lors, la question devenue forme est un espace dans lequel se mouvoir, qui permet d’appréhender cette question dans un cheminement avec elle. Donner forme à une question peut s’avérer utile - et drôle - quand cette question est particulièrement abstraite. Par exemple : pourquoi n’y a-t-il eu, jusqu’au 20ème siècle, que des artistes hommes ? XX Story s’attache à représenter l’histoire de l’art de ses fondements à aujourd’hui en soulignant sa spécificité masculine. Et puisque c’est le prénom qui identifie le sexe, tous les prénoms masculins des grands artistes ont été transformés en prénoms féminins. On accède soudain à une forme contretype de la forme historique. Ainsi renversée, c’est le paroxysme et l’humour d’une telle situation monolithique qui se dégage. Une nouvelle population est née. Dans le musée, comme un virus qui s’y propage de salle en salle, cette population migrante fait irruption. Elle va venir, parfois discrètement, parfois de façon tonitruante, prendre place sur les murs, jouant avec sa forme opposée depuis toujours en place dans l’institution, y répondant comme en écho. XX Story est moins une revendication féministe qu’un travail de peinture, puisque celle-ci est considérée comme un médium capable de s’attacher aux questions les plus contemporaines pour leur donner une visibilité, c’est-à-dire une forme. Car, au-delà de la question du sexe et du « genre », c’est bien la question de la pluralité des formes qui se pose, des formes majeures et des formes mineures, de l’autorité et de la désobéissance, de ce qui est attendu et de ce qui nous échappe, enfin de cette diversité sans exclusion qui est la seule vérité formelle du monde. Quand XX Story contamine le S.M.A.K., c’est sur ses murs, sur des badges offerts aux visiteurs avec leur ticket d’entrée, etc. Et sur cette impulsion donnée par le musée, chacun peut ensuite agrandir cette population avec ses propres invité(e)s.
