Forse Italia

Plusieurs jeunes artistes italiens se voient aussi offrir l’opportunité d’exposer leur œuvre à Gand. La sélection de ces artistes s’est déroulée au cours de plusieurs voyages en Italie ; elle a succédé à la visite de studios et d’expositions et à des conversations avec les organisateurs italiens. Le but était de choisir des artistes intéressants qui n’avaient pas encore exposé en Belgique. De bonnes relations existent depuis longtemps entre le S.M.A.K. et la scène artistique italienne, de nombreux artistes du courant Arte Povera se retrouvent dans la collection du musée, une grande exposition Jannis Kounellis a été organisée l’an dernier, et plusieurs Italiens ont également participé à des expositions de groupe comme « Over the Edges » ou « Casino 2001 ». Le réseau de contact ainsi créé a servi de point de départ à la préparation de cette exposition. Chacun des sept artistes a été choisi pour son œuvre qui aborde la réalité d’une manière rafraîchissante et qui occupe une place unique, ce qu’ils ont tous déjà prouvé lors de leur participation à des projets ou expositions (essentiellement en Italie). En ce sens, il n’y a pas de thème général qui réunit les différents artistes, mais on pourrait plutôt parler de différentes présentations solo. Chacun des sept artistes se voit attribuer un espace au rez-de-chaussée du musée afin de présenter son œuvre.

Certains artistes réaliseront de nouvelles œuvres pour l’exposition. D’autres montreront des œuvres récentes dans une nouvelle disposition. Nicoletta Agostini (°1971) présente des images très simples et fortes qui sont projetées dans l’espace sous la forme d’un film. "Ma si di si" renvoie au jeu naïf qui consiste à enlever une à une les pétales d’une fleur en se demandant, à chaque pétale, si l’on est aimé ou non. L’image ne montre qu’un buste sur un mur blanc, mais la projection dans le coin de la pièce donne l’impression que le pétale tombe sur le mur d’à côté. De par la réduction du sujet et de l’action et la quasi absence de toute forme de langage ou de dialogue, l’œuvre d’Agostini rappelle la pantomime, une nature morte contemporaine ou même un tableau vivant. "The Wall" de Paolo Chiasera (°1978) montre l’artiste qui semble marcher sur place devant un arrière-plan qui bouge rapidement. En alternance défilent des images de la ville, de paysages, mais aussi des fragments de peintures métaphysiques de Giorgio De Chirico. L’œuvre de Chiasera étudie des notions comme le temps et l’espace, les efforts physiques par opposition aux trajets de l’esprit, en renvoyant essentiellement à l’histoire de l’art. Pour Lara Favaretto (°1973), l’art doit apporter une plus-value positive à la vie. C’est ce qu’elle fait en débarrassant le quotidien de ses fonctions et significations habituelles. L’installation "Giving you a day" contient des éléments issus du monde du carnaval et du cirque et les combine dans un langage des formes qui parle à l’imagination. Daniele Puppi (°1970) projette des vidéos dans l’espace même où il les a filmées. Il s’agit toujours d’actions très simples et brèves qui sont filmées de front. Les actions de la caméra et de l’acteur – l’artiste lui-même – attirent l’attention sur certaines caractéristiques de l’espace. Une porte s’ouvre et se ferme continuellement, une balle traverse la pièce en rebondissant, une cloison se dédouble : toutes ces scènes montrent une relation entre le corps et l’espace. Pietro Roccasalva (°1970) transforme certaines idées au moyen de dessins, de peintures et de films et photographies. La peinture n’est pas un média pour Roccasalva, mais plutôt un moyen de faire intervenir une "activité" ou un "processus" dans l’histoire de l’art. Son œuvre propose une réflexion approfondie sur l’architecture, l’échelle et la perspective. Avec ses énormes "boules de neige", Corrado Sassi (°1965) nous offre une réflexion sur des situations banales et désire nous impliquer émotionnellement dans une scène attachante. Lors de l’inauguration, des personnages stéréotypés – comme "le voyageur new-age" ou le "drogué du travail" – seront présentés dans les boules de neige. Parallèlement à ses installations, Sassi présentera aussi des photos, des instantanés qu’il tire presque en continu et parmi lesquels il effectue une sélection minutieuse afin d’en réaliser des agrandissements. Donatella Spaziani (°1970) prend des photos d’espaces et de villes, en s’installant toujours dans l’intimité d’une chambre (d’hôtel). Elle les appelle des « photos-auto-portraits », dans lesquels elle se met elle-même en scène, le plus souvent de façon anonyme, sans montrer son visage. On pourrait plutôt les considérer comme des portraits mentaux de certains lieux. Pour le S.M.A.K., Spaziani a rassemblé différentes séries, des photos prises au Japon, en Italie, en Suède et en France. Cette exposition fait partie du projet de coopération internationale « Arte all'Arte Rinascimento-Nascimento ». Dans le cadre de ce programme, plusieurs musées européens effectuent des recherches sur les relations entre les arts, les sciences, la technique et la technologie à travers différentes disciplines et périodes. L'initiateur du projet démarré en 1996 est l' Assossiazione Arte Continua à San Gimignano en Italie.

Le but de ce projet est de montrer comment l'art contemporain peut être à la fois considéré comme une continuation et un renouvellement des traditions artistiques antérieures. Dans ce cadre ont lieu des présentations et des symposiums au Museo Leonardiano à Vinci (Italie), au Musée Municipal Het Domein à Sittard (Pays-Bas), au Palais de Tokyo à Paris (France) et au Arken Museum à Copenhague (Danemark). L'exposition bénéficie du soutien du programme Culture 2000 de l'Union Européenne, en tant que volet du projet « ARTE ALL'ARTE RINASCIMENTO NASCIMENTO ». Le contenu de ce projet ne reflète pas nécessairement la position de l'Union Européenne, qui se dégage de toute responsabilité en la matière.