L’œuvre de l’artiste italien Luigi Ontani (° 1943, Vergaro) peut être qualifiée de variée et d’éclectique.
Dans l’ombre du mouvement Arte Povera, il travaille déjà depuis les années ‘60 dans différents domaines et d’une manière très personnelle. Son œuvre étendue a subi un nombre exceptionnel d’influences, traduites dans différentes disciplines: la peinture, la sculpture, la photo, la céramique, le verre, les installations et les performances. Il se réfère à chaque fois à divers éléments iconographiques et à des images fantastiques jamais vues auparavant. L’œuvre d’Ontani consiste en une diversité dans laquelle il s’octroie toujours une place centrale.
A travers son œuvre, il a abordé un grand nombre de sujets et de médias très en avance sur leur temps, qui ont été ensuite approfondis plus avant par d’autres artistes. Des techniques traditionnelles sont utilisées d’une manière très personnelle et combinées à des thèmes séculaires. Dans les interprétations de ces thèmes, l’artiste s’attribue un rôle central. Cette combinaison, dans laquelle l’artiste remplit lui-même une fonction clef, constitue l’essence de son œuvre plastique. Dans ses « tableaux vivants » - un tournant dans l’art de la performance -, il part à la recherche de la notion d’identité, tant dans sa vie et son métier d’artiste qu’en tant que modèle, et il fait des choix artistiques qui constituent la base de son œuvre. Il traverse par exemple l’Atlantique en bateau sous les traits de Colomb, lit en public des histoires de Tarzan en prenant l’aspect du héros, ou apparaît en Inde comme réincarnation de Krishna. En mettant en scène et en manipulant son propre corps pour en faire une personnalité historique, mythologique ou religieuse, il insuffle une nouvelle vie aux références au passé. Sur ses photos – souvent retravaillées à l’aquarelle ou à la peinture à l’huile –, il pose par exemple en tant que Saint Sébastien, Ponce Pilate, ou David et Goliath. Ontani se sert de son propre corps pour exprimer son monde affectif personnel. Ses recréations de personnages comportent des références au folklore, à l’Art Nouveau, au dandysme et à l’exotisme. La fiction et l’histoire sont mêlées et renvoient aussi aux tendances les plus récentes comme celles de l’hybride, de l’androgynie, des clones et des mutations.
L’exposition Genthara au S.M.A.K. rassemble environ 120 œuvres d’Ontani, qui datent toutes de la période allant de 1967 à 2003. Une trentaine d’œuvres ont été conçues et réalisées tout spécialement pour cette exposition. Au moyen de photos, de dessins, de sculptures, de peintures et de céramiques, différentes facettes de l’œuvre d’Ontani sont mises en lumière de façon détaillée. Pour employer les mots de l’artiste : « Ma mémoire vit de contradictions, elle est imprécise et éperdue, elle est floue et grammaticalement incorrecte. L’exposition Genthara a pour but d’ouvrir des chemins d’associations visuelles, littéraires et narratives. » L’exposition "Luigi Ontani – Genthara" est sponsorisée par ITALRE. En outre, le S.M.A.K. désire aussi inviter quelques artistes italiens jeunes ou prometteurs à réaliser une nouvelle œuvre ou à intégrer leur œuvre dans les salles du musée. A cet effet, le musée a recherché des artistes qui portent un regard neuf ou mènent une réflexion originale sur l’art actuel. L’exposition a pour but de faire connaître au public quelques artistes italiens prometteurs. Les artistes sélectionnés sont: Daniele Puppi, Lara Favaretto, Pietro Roccosalvo, Massimo Grimaldi, Corrado Sassi, Nicoletto Agostini et Paolo Chiasera. En parallèle avec ces expositions, le S.M.A.K. présente également, au sein de la collection, quelques œuvres d’artistes Arte Povera. Le musée possède une collection impressionnante d’Arte Povera, avec de nombreuses œuvres de, notamment, Mario Merz, Luciano Fabro, Gilberto Zorio et Giovanni Anselmo, mais aussi de Jannis Kounellis, Michelangelo Pistoletto ou Carla Accardi. Plusieurs de ces œuvres seront présentées au rez-de-chaussée du musée.
