Lifted

Catrysse a étudié les Arts Expérimentaux à la Sint-Lukas Hogeschool à Gand. Il a ensuite étudié au HISK à Anvers et a obtenu une bourse pour un séjour à Glasgow. En 2001, il a présenté à Argos une exposition individuelle rassemblant plusieurs œuvres; depuis lors, il a aussi participé à différentes expositions de groupe.

Avec ses films et installations, Wim Catrysse veut faire prendre conscience au spectateur de son propre regard et de sa propre perception des choses. La communication avec le spectateur et l’intégration de son œuvre dans l’espace sont des aspects importants de ses films et installations. Les films de Catrysse peuvent être considérés comme une analyse de la relation du corps avec son environnement. Les personnages des films de Catrysse se trouvent dans des espaces clos qui semblent exercer une influence sur leur comportement ou leur humeur. Il va de soi que la présentation des œuvres revêt ici une importance capitale. L’œuvre de Catrysse part d’actes simples accomplis dans des espaces construits ou adaptés par l’artiste, qui sont souvent de dimensions très réduites. La caméra ne se contente pas d’enregistrer les actions. Le positionnement de la caméra par rapport à la scène – statique, proche, rotative ou en tant que partenaire – est d’une importance capitale pour l’impact des images. Catrysse n’actionne pas la caméra "manuellement" (zooms, déplacements) ; les prises de vue ne sont pas non plus soumises par après à d’importants trucages ou adaptations. La caméra est impliquée dans les événements en tant qu’élément constitutif, elle n’enregistre pas seulement la scène. A côté de l’acteur et du spectateur, la caméra peut presque être considérée comme un troisième participant à part entière. La tension du corps dans l’espace est renforcée par le fait que le spectateur s’identifie avec le point de vue de la caméra. Celle-ci permet à l’artiste de mettre l’accent sur certaines actions et de choisir quelles facettes de la scène il mettra en avant. La possibilité d’éclairer et de mettre en images de manière intense certains aspects de la réalité est l’un des mérites du média du film. L’objectif révèle une réalité qui dépasse le spectre de nos sens, nous fait voir ce qui est invisible pour les yeux. Les œuvres de Catrysse traitent toujours de sensations particulières résultant de situations inhabituelles. Grâce aux films, le spectateur prend conscience de sa propre corporalité; les stimuli visuels trouvent une caisse de résonance et donnent du sens à l’œuvre.

Pour l’exposition au S.M.A.K., Catrysse part de la spécificité de l’espace consacré à Kunst Nu; un entresol long, étroit et haut de plafond. Un ascenseur relie le rez-de-chaussée du musée à cet espace. Catrysse y présente sa nouvelle installation presenteert in het SMAK « Lifted ». Pour cette exposition, l’entresol n’est accessible que par ascenseur, les accès habituels sont scellés. Aux deux extrémités de la longue salle est projetée une porte d’ascenseur au-dessus de laquelle clignote une petite lumière. Le visiteur entend les deux ascenseurs arriver lentement. Les portes s’ouvrent presque en même temps, mais ne dévoilent qu’un vide obscur. Ensuite, la caméra zoome lentement sur la cabine vide, aspirant ainsi le spectateur dans ce vide. Le lien entre la projection filmique d’une porte d’ascenseur et le fait que les visiteurs sont obligés de prendre l’ascenseur pour accéder à l’exposition crée une interaction intéressante entre fiction et réalité.