Le S.M.A.K. offre avec Maybe One Must Begin with Some Particular Places un tour d’horizon de l’œuvre de Joachim Koester (°1962, Copenhague).
Sa pratique artistique est basée sur un réseau complexe de docufictions dans lesquelles des questions personnelles, historiques et journalistiques se mêlent à des histoires fictives. Koester s’intéresse tout particulièrement aux lacunes et imprécisions dans l’écriture et la lecture de l’Histoire, avec ses héros excentriques, ses légendes et ses mythes.
Une sélection d’une bonne vingtaine d’œuvres des treize dernières années témoigne de sa quête des expressions d’histoires oubliées, non seulement à travers des lieux physiques, mais aussi des dimensions immatérielles de l’existence humaine. Des œuvres comme 'Nordenskiöld and the Ice Cap' (1999-2000) et 'Message from Andrée' (2005) partent d’une exploration littéralement géographique du Groenland et du pôle Nord pour réécrire l’histoire oubliée d’expéditions dans ces régions. Avec 'Morning of the Magicians' (2005) et 'One+One+One' (2006), Koester montre comment sa quête des vestiges de l’Abbaye de Thélème, une commune en Sicile fondée par l’occultiste Aleister Crowley, porte non seulement sur ses vestiges physiques, mais plonge aussi dans l’histoire des rites occultes et chamanistes. L’intérêt de l’artiste pour le corps humain et sa terra incognita, son inconscient, se fait toujours plus marquant. Koester approfondit ainsi avec 'My Frontier is an Endless Wall of Points' (2007) l’œuvre d’Henri Michaux réalisée sous l’influence de la mescaline, un stupéfiant. Dans 'Tarantism' (2008), il examine à travers une chorégraphie de mouvements incontrôlés et compulsifs le langage performatif du corps humain et les connaissances que les gestes peuvent révéler pendant une transe. Le corps humain continue à occuper une place centrale dans ses œuvres les plus récentes. On peut en effet les considérer comme des interprétations personnelles de rites traditionnels du spiritisme et du chamanisme. 'Maybe One Must Begin with Some Particular Places' (2012) se base sur le théâtre expérimental développé par Jerzy Grotowski dans les années soixante-dix et s’inspirant de la recherche anthropologique, au Mexique, notamment. Of 'Spirits and Empty Space's (2012) est construit autour des écrits de John Murray Spear, un spiritualiste américain qui organisait pendant la révolution industrielle des séances ayant pour but d’inventer une machine à coudre d’usage facile par le biais de la communication avec les esprits. Avec son utilisation stratégique du montage et de l’archivage, Koester monte en films, en séries de photos et en installations des histoires tombées dans l’oubli. Histoires d’expéditions pionnières, de mouvements ésotériques et de formes expérimentales psychédéliques constituent des lignes narratives parallèles avec un seul dénominateur commun: la recherche aux confins de l’inconnu.
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