Strippinggirls

Les artistes se partagent une même fascination à l’égard de l’univers à paillettes des mannequins, des musiciens et d’autres artistes. Ils se sont laissé inspirer par des danseuses dans des bars de striptease ou par un stripteaseur sur commande dans un living quelconque. « Strippinggirls » est plus que la transposition directe en peinture et en photo d’une excitation érotique à distance. Les stripteaseuses et les situations sont des points de départ, la matière première de l’œuvre du peintre et du photographe.

L’oeuvre de Marlene Dumas n’a plus vraiment besoin d’être présentée. Ses peintures et dessins parlent de la féminité, du rôle de la femme dans la société, comme pin-up, comme mère originelle, comme objet de plaisir ou comme Madeleine. Les personnages de ses peintures sont très intenses et abordent souvent des thèmes sensibles. Anton Corbijn est connu comme photographe, créateur et metteur en scène vidéo qui a surtout travaillé avec des stars pop, des acteurs et des modèles de haut niveau. Tous deux ont déjà vécu une carrière pleine de succès et mouvementée. De concert avec le conservateur Christianne van Lomm ils ont imaginé en 1998 le projet 'strippinggirls' qui s’est précisé de plus en plus clairement au fil des mois. Tandis que Dumas se pose en premier lieu la question du rapport de la culpabilité et de l’innocence, Corbijn met plutôt l’accent sur la problématique du voyeurisme et surtout sur les attentes que le voyeur crée pour lui-même. Marlene Dumas a pris des photos au polaroïd comme base de sa peinture, elles contribuent à la création du champ de tension entre la réalité objective et son expression subjective. Anton Corbijn part de la réalité telle qu’elle est. L’attrait du striptease ou du peepshow comme freakshow le passionne infiniment. A l’aide de l’ordinateur il retouche certaines photos presque sans que cela se remarque. Ce n’est que lors d’un second examen, plus attentif, que l’on remarque certaines « déviances » bizarres. Dans une autre série, Corbijn allie l’image à la parole, ce qui mène à des sens ambigus. Ni Marlene Dumas ni Anton Corbijn n’avaient l’intention de permettre à une forme artistique de dépasser l’autre. Leur amour pour leur art respectif est trop grand pour cela. Ils avaient seulement l’intention de dialoguer et de communiquer au sujet de ce qui les fascine tous deux: le corps humain - féminin - dans toutes ses possibilités. Une publication accompagne l’exposition dans une mise en pages de Rick Vermeulen avec des illustrations en couleur de toutes les oeuvres exposées de Dumas et Corbijn, ainsi qu’un texte des deux artistes.

Cette exposition a été organisée par le « Stichting Actuele Kunstdocumentatie, Amsterdam » (curator: Christianne van Lomm) et a été initié au Theatermuseum - Theater Instituut Nederland, Amsterdam. Elle a été réalisée avec l’appui de ‘Coutts Contemporary Art Foundation’, ‘Mondriaan Stichting, Stimuleringsfonds voor beeldende kunst, vormgeving en museale activiteiten’, et ‘Amsterdams Fonds voor de Kunst’.