Le S.M.A.K. et le pôle de recherche "Exhibition Culture : Dialogues in the Making (Intermedia)" de la LUCA School of Arts/Brussels vous invitent à : documenta et l'artiste comme commissaire, une conversation entre l'artiste Daniel Buren et le collectif d'artistes ruangrupa.
Le point de départ de la conférence sera le commentaire poignant de Daniel Buren sur la disparition des œuvres d'art dans le cadre d'expositions thématiques comme la documenta 5, qu'il a exprimé dans sa contribution au catalogue de cette exposition. Il s'agira de l'approche curatoriale du collectif d'artistes ruangrupa pour documenta 15, qui, cinquante ans plus tard, souligne la vitalité des pratiques artistiques communautaires et remet en question la centralité de l'œuvre d'art.
Le modérateur de la conversation est Nicola Setari, historien de l'art et conservateur (LUCA School of Arts). La conversation se déroule dans le contexte du finissage de l'exposition de Richard Venlet "Museum for a Small City/Rebuild" au S.M.A.K. et de la nomination de ruangrupa comme directeur artistique de la documenta 15, qui aura lieu à Kassel en 2022.
Il s'agit d'une collaboration entre le S.M.A.K. et The Research Cluster Exhibition Culture : Dialogues in the Making (Intermedia).
Début 2019, documenta a annoncé que le collectif d'artistes ruangrupa prendrait la direction artistique de documenta 15, qui aura lieu en juin 2022.
Le collectif se compose de 9 artistes et est basé à Jakarta, en Indonésie. ruangrupa a décrit son approche curatoriale en utilisant le terme indonésien lumbung, qui peut être traduit par "grange à riz". Ceci est un système collectif de mise en pot ou d'accumulation utilisé dans les zones rurales d'Indonésie, où les récoltes produites par une communauté sont stockées comme une future ressource commune partagée et distribuée selon des critères déterminés conjointement.
Depuis la documenta 5, toutes les éditions de la grande exposition de Kassel ont un commissaire responsable de la direction artistique. La prochaine édition sera donc la première fois en 50 ans que des artistes prennent les devants. Dès 1972, de nombreux artistes invités à participer à la documenta 5 ont critiqué la démarche de Harald Szeemann, en tant que directeur artistique, dans l'élaboration de cette exposition de grande envergure. Ils ont eu le sentiment de ne pas être impliqués dans certaines décisions essentielles concernant ce qui serait présenté et comment cela serait présenté. Szeemann et son équipe ont déplacé l'importance de l'œuvre individuelle vers l'exposition, en soulignant l'orientation thématique et investigatrice de cette dernière. Ils ont fait de l'ensemble de l'exposition une œuvre d'art et ont ouvert un champ de tension entre les artistes et les conservateurs, non seulement sur la paternité des œuvres, mais aussi sur les moyens.
Daniel Buren a participé à cette édition avec un projet artistique qui comprenait des installations tout au long de l'exposition et une contribution textuelle au catalogue qu'il a intitulé "Exposition d'une exposition : une pièce en 7 tableaux". Elle offre une forme concrète de résistance poétique à la toute-puissance perçue des conservateurs. Dans une interview réalisée en 2003, Buren, revenant sur sa participation à documenta 5, a demandé quand il y aurait une édition de l'exposition consacrée aux artistes ? Il faudra encore 20 ans avant que sa question ne reçoive une réponse positive.
