Franz West a grandi parmi les ruines de la Vienne d'après-guerre. Son père vend du charbon. Sa mère juive est dentiste et l'emmène dans des voyages culturels en Italie. West commence à dessiner dès son plus jeune âge et étudie à l'Akademie de Vienne. Il reçoit l'enseignement de Bruno Girancoli, qui le soutient dans son utilisation du plâtre et du polyester. Ses premiers travaux s'inscrivent dans la lignée de l'Actionnisme viennois des années 1960, avec des artistes performeurs qui pratiquaient l'auto-mutilation, entre autres. Selon eux, les conventions sociales suppriment la manière d’être naturelle de l'homme, avide de sang. Par le contact physique avec le sang, cette énergie peut être libérée.
West évite catégoriquement les épreuves physiques et l'intensité existentielle de l'Actionnisme et opte pour une légèreté décontractée dans laquelle les thèmes du corps, du sexe et de la sculpture socialement ancrée prévalent. Vers 1970, sous l'influence du Pop Art, il réalise des collages peints avec des images de magazines. Dans la photographie de publicité et de mode, il voit des modèles dans des poses stéréotypées et névrotiques, neutralisées par des arrière-plans contrastés. Il isole les modèles en éliminant leur environnement avec une peinture épaisse. Il utilise ensuite les poses, souvent à caractère sexuel, pour ses recherches sur le regard populaire.
Dans les années 1970, West réalise des ‘Passstücke’, des sculptures en plâtre, polyester, métal et papier mâché, conçues comme des extensions du corps. Dans des performances, il indique comment les sculptures peuvent être utilisées. Sa manière communicative d’inviter son public à participer activement est caractéristique de son œuvre. Il stimule le public, mais le perturbe aussi. Ainsi, West appelle les « Passstücke » des représentations de névroses.
Sous le label ‘Labstücke’, il transforme en sculptures des matériaux fragiles tels que des bouteilles en verre. Il expérimente également avec des fauteuils élégants et élancés, faisant référence à notre espace de vie personnel et aux activités sociales qui s'y déroulent ou non. La distinction entre objet d'art et ustensile, design et mobilier, haute et basse culture, est remise en question. Dans ce contexte, l'humour et le refus de se prendre et de prendre son œuvre au sérieux sont des constantes importantes de son travail.
Vers 1990, West se tourne vers de grandes sculptures organiques abstraites en papier mâché. Il se plonge dans la relation entre l'expérience physique et psychologique de la réalité. À partir de la fin des années 1990, il produit d'énormes sculptures en aluminium laqué, formellement inspirées de la saucisse viennoise. Elles sont monochromes. Leur surface irrégulière vous invite à les toucher, mais aussi à vous asseoir ou à vous allonger à l’intérieur. Parce qu'elles favorisent l'interaction entre l'œuvre d'art et le public, l'expérience des œuvres de West continue d'évoluer et est donc indéterminée.
Franz West jouit d'une reconnaissance internationale depuis le début des années 1980 et a représenté l'Autriche à plusieurs reprises à la Biennale de Venise, où il a reçu le Lion d'or pour l'ensemble de son œuvre en 2011. En 1992 et 1997, il a également participé à la Documenta de Kassel.