Guy Degobert étudia la peinture à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Dans un premier temps, il réalisa des tableaux réalistes empreints d'une atmosphère romantique. À partir des années 47, il travailla comme dessinateur publicitaire. En '60, il quitta le monde de la publicité afin de se consacrer à nouveau entièrement à la peinture. Pendant plusieurs années, il peignit des abstractions lyriques dans l'esprit d'Auguste Herbin, mais ne les exposa jamais. Influencé par le pop art, son œuvre se transforma vers '65. Il se détacha alors de l'abstraction au profit d'un réalisme de plus en plus photographique.
Degobert se concentra principalement sur la nature morte en tant que genre à part entière. Il réalisa des natures mortes à partir de choses des plus banales de notre culture de consommation, comme des bonbons, des bouteilles, des aliments en conserve, des boîtes d'allumettes et des outils. En tant que concepteur publicitaire, il avait appris à conférer une aura aux objets les plus ordinaires. Il agrandit les petits objets et les plaça soigneusement sur un fond blanc. Sa façon clinique de peindre créa une distance qui rappela le 'deadpan' américain (littéralement 'imperturbable, de sang-froid'), une variante du pop art. Certaines de ses œuvres ressemblèrent d'ailleurs fortement aux créations des artistes américains du pop art Wayne Thiebaud et Andy Warhol.
Malgré ses liens étroits avec le pop art, l'œuvre de Guy Degobert n'est pas considérée comme faisant partie de ce mouvement. Il est vu comme étant hyperréaliste ou photoréaliste. En effet, pour ses peintures, il ne partait pas de la réalité directement observable, mais de photographies de cette réalité. En Belgique, Roger Wittewrongel, Marcel Maeyer, Antoon De Clerck et Joseph Willaert peignirent également de manière photoréaliste. En Amérique, l'hyperréalisme, représenté entre autres par Chuck Close, Richard Estes et Duane Hanson, s'est développé à la suite du pop art. Contrairement aux artistes américains, les artistes européens s'intéressaient davantage aux méthodes photographiques utilisées par les médias de masse pour représenter la culture de consommation plutôt qu'à la culture de consommation elle-même. Ils étudièrent la manière dont les médias de masse dépeignèrent et manipulèrent la nouvelle réalité.
Dans un style virtuose et illusionniste, les photoréalistes s'efforcèrent de reproduire parfaitement la réalité dans ses moindres détails. En même temps, ils voulurent créer une image d'ensemble convaincante. Alors que les peintres américains n'intervenaient pas dans la composition, les peintres européens le faisaient. Ils accordaient plus d'espace à l'imagination. C'est certainement le cas de Guy Degobert, qui rassembla dans ses natures mortes des objets provenant de contextes très divers. Sa stratégie picturale associative, déjà largement utilisée au sein du surréalisme, visa à éveiller notre subconscient et notre imagination.