L’artiste cubain Ricardo Brey (°1955, Havana) vit et travaille à Gand. Depuis quelques dizaines d’années, il développe un art protéiforme qui propose une réflexion poétique et métaphysique sur notre existence. Partant de ses origines mélangées, Brey combine diverses sources littéraires et scientifiques de la pensée occidentale et de la culture afro-cubaine avec des références socio-économiques plus actuelles. Il le fait dans un langage visuel original, en recourant à la fois à des matériaux bon marché et de récupération et à des matières nobles. C’est notamment le cas dans l’installation Saturno devorando a uno de sus hijos (2012). Cette œuvre est faite d’une constellation d’astres liés les uns aux autres, de forme sphérique ou semi-sphérique, dans les matériaux les plus divers. Certaines sphères sont en plomb, un matériau qui, dans l’Antiquité, était associé à la mélancolie et au dieu Saturne. Pour d’autres sphères, Brey a utilisé un œuf d’autruche ou un vieux ballon de football. Le titre de l’œuvre est un clin d’œil au Saturne dévorant un de ses fils (1823) de Goya. Mais l’œuvre peut aussi être interprétée comme une métaphore du régime cubain étouffant que l’artiste a fui, et par extension de toutes les formes d’abus de pouvoir.
