Les murs de la salle du musée sont couverts de tissu noir et blanc imprimé de motifs dorés.
La plus grande toile, dorée sur tissu noir, est imprimée d’une gravure sur bois s’inspirant du frontispice de Dürer dans ‘La Nef des fous’ de Sebastian Brant (1494), en combinaison avec des gravures sur bois s’inspirant d’illustrations de Holbein dans sa ‘Danse macabre’ (1525).
Sur les murs latéraux, nous voyons sur le tissu blanc une gravure sur bois basée sur trois tableaux de Pieter Bruegel l’Ancien: ‘La Chute des anges rebelles’ (1562), ‘Margot la folle’ (1563) et ‘Triomphe de la mort’ (1562), Oui, où est le triomphe? L’artiste a laissé cette planche dans son atelier. Bien que les tableaux originaux soient entrés séparément dans l’histoire, ils sont ici réunis dans le triptyque ‘Hell on Earth’.
Sur le drap noir accroché au mur latéral, nous voyons Personne.
Nobody (ou Nemo) relève d’une longue tradition, mais il a ici été modelé d’après une figure mythique que George Shan a représentée pour la première fois en 1510 et avec laquelle il a connu une popularité inouïe au xvie siècle. La figure se réincarne entre autres dans les eaux-fortes d’Albrecht Dürer pour le livre ‘La Nef des fous’ de Sebastian Brant.
Nobody est l’archétype du ‘fou’ ou du ‘sot’. Il ne peut pas parler car il a la bouche cadenassée, et il vit en paria parmi les déchets qu’Everyman (Tout le monde) a produits. Il a des plumes sur la tête, une bourse déchirée et des instruments bizarres.
Il symbolise l’inconscient collectif secret et volontairement oublié. De plus, il se résigne à être faussement accusé d’avoir produit les déchets. Il symbolise la liberté parce que – contrairement à l’Everyman productif, pour ainsi dire omniscient et actif – il ne possède rien, en tant que fou il ne sait rien, s’y résigne passivement, se connaît, renonce à lui-même et disparaît.
Les attributs (et les seuls biens) de Nobody sont deux flûtes qui symbolisent l’image et le son. Contrairement à l’Everyman rationnel, il ne peut pas s’exprimer par des mots. Il communique de façon dionysienne: par des hallucinations, des visions et des divagations, incompris d’Everyman. Il jette ainsi un pont entre présent et passé. Il symbolise un rapport circulaire avec son environnement : le ‘bin diver’ par excellence. Nobody est capable de transformer de vieilles choses en nouvelles.
Cette gravure sur bois sera utilisée pendant les performances du 4 octobre 2024 et du 19 janvier 2025.
